samedi 18 juillet 2009

Pourquoi ce blog?


Je l'ai dit sur la page d'accueil, cela fait onze ans que je travaille dans la Police Nationale; bientôt 12.
Et, au quotidien, lorsque j'ai à faire à des amis, de la famille, on parle de la police presque toujours en des termes négatifs.
On me parle quasi toujours des mêmes sujets: les amendes, les "bavures", la corruption, lorsqu'on ne parle pas en termes de "fonctionnaires" avec tout le coté péjoratif que l'on apporte désormais à ce terme. Fainéants, qui travaillent peu,  voir de l'alcoolisme.... de la politique mise en place par le pouvoir politique en place, ... surtout en ce moment...
j'ai encore lu, dernièrement, sur un forum, que les policiers étaient tous racistes, d'un niveau intellectuel finalement assez faible, agressifs, hargneux; brefs, les qualificatifs ne manquaient pas.
Bref, peu de gens ont conscience de toutes les missions qui incombent aux policiers.
Ma mission est concentrée dans un domaine bien particulier, le judiciaire.
J'ai donc envie de faire partager cette experience; montrer au plus grand nombre qu'il faut sortir des préjugés, des généralités. J'ai un travail passionnant, très passionnant, même. Et pour mener cette mission à bien, cela necessite du temps... beaucoup de temps. Et je suis très loin de faire des "horaires" administratives! Très très loin! Et les gens que je suis amené à interpeler, avec mes collègues, sont, pour la plupart des individus qui commenttent des infractions lourdes; des infractions qui seront jugées plus tard par des Cour d'Assises.
C'est un métier qui est très exigeant. On se doit d'être professionnels. Il arrive que l'on prenne des risques, donc, on doit être attentif tout le temps; concentré. En très peu de temps, une interpellation supposée normale peut degenerer sans que l'on s'en rende compte, et avoir des repercussions graves, pouvant aller, engendrer des blessures de collègues; voir pire.
Comme je l'ai dit, passible de peines de prison lourdes. Tout doit donc être clair; il faut identifier les auteurs, rassembler toutes les preuves, connaitre l'implication de chacun, et présenter ces individus à la justice, qui sera alors chargée, le cas écheant, de les juger. Ce n'est pas anodin, envoyer quelqu'un en prison. Donc, encore une fois, on se doit d'être professionnels.
On est donc très loin de tous les clichés dont je parlais plus haut.

Ensuite,  toujours par rapport à ce blog, il m'arrive de l'utiliser pour dénoncer ce qui me parait être injsute au sein de l'administration qu'est la "Police Nationale". Je sais très bien que je suis soumis au devoir de reserve. Il est possible.... non, il est même sur que j'ai , parfois, outrepassé ce devoir de réserve, par certains propos. J'en suis conscient. Mais si je le fais, c'est quelque part, certainement, en "ésperant" que, un jour, ces quelques lignes arrivent aux yeux ou aux oreilles de quelqu'un et que celui-ci se dira,  "ce n'est pas normal" . 
Et j'éspère que ce jour-là, cette "personne" aura plus l'intention de chercher à faire bouger les choses de manière positive, plutôt qu'à me sanctionner par rapport à ce devoir de réserve.  J'éspère qu'il s'agira alors d'essayer de comprendre, plutôt que d'essayer de briser.
J'aime trop ce métier, cette spécialité, pour qu'au final, les collègues soient démotivés, n'aient plus envie de donner leur temps, leur énergie, parce qu'il n'y a pas de retour sur "investisseement". Parce que c'est bel et bien le sentiment qui prédomine. On se dit que l'administration est bien plus prompte à nous sanctionner qu'à nous récompenser des résultats obtenus. 
Je n'ai pas non plus la prétention de pouvoir tout changer à moi tout seul. Je suis conscient.
Alors, me dira-t-on, pour faire "bouger" l'administration, il est une solution que l'on peut utiliser: la voie syndicale. C'est vrai , c'est une solution. Disons que l'expression qui est la mienne, ici, est un complément. Même si le paysage syndical est primordial à l'évolution des métiers de police, j'ai parfois l'impression qu'il n'est que trop systématiquement en opposition face à l'administration pour que les choses avancent concrètement, sereinement.
De plus, les policiers qui traitent le "judiciaire" représentent une partie infime de la Police Nationale. En termes de chiffres, par exemple, la police judiciaire traite quelque chose comme (il me semble) 2% des infractions relevées par la police nationale. Et j'ai donc l'impression que tout le monde s'en fout. Que, puisque l'on est pas la "majorité", on est mis de coté. Il n'y a qu'à voir: Paris, c'est environ 20.000 policiers. La PJ représente 10% de ces policiers, environ.
Donc, d'un point de vue administratif comme d'un point de vue syndical, ce n'est pas de nous qu'il faut s'occuper en priorité.
Il n'y a qu'à voir; prenons les revendications de tous les syndicats, actuellement. TOUS. Aucune des revendications dites "prioritaires" ne concernent la spécificité "Police Judiciaire". Et pourtant, en terme d'investissement, de motivation, de temps passé au service, je suis sur que nous sommes dans le peloton de tête. Mais cela n'est pas reconnu.
 Enfin, il est une dernière raison, pour laquelle ce blog existe: c'est tout simplement un exutoir. Lorsque l'on s'investit beaucoup dans quelque chose (pas uniquement un travail), on est soumis à beaucoup d'émotions; de toutes sortes. Des joies, des peines, de la fatigue, du stress, des coups de blues, de la colère.... bref, ici, je peux en parler. Et j'y allie quelque chose que j'aime beaucoup, écrire.

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