dimanche 9 décembre 2012

Tranche de vie.... à l'hopital

Il est déjà vingt et une heure. 
Trois heures, que nous sommes dans cet hôpital  La chance est avec nous, puisque le personnel médical s'occupe de nous, et fait ce qu'il peut. 
Ah, j'ai oublié un détail: ce n'est pas moi, ni même mes collègues, qui avons des problèmes de santé. 
Non, ce sont deux de nos gardé à vue. Comme la loi le leur en donne la possibilité, ils ont demandé à voir un médecin, durant leur garde à vue. Cinq heures plus tard, le praticien est venu. Pour nous dire que, sur l'ensemble des gardé à vue que nous avions, deux nécessitaient un contrôle au sein d'un établissement hospitalier. Soit. 
Nous voilà donc, tous les quatre, à attendre... en partant du service, j'ai misé sur "la nuit". Deux GAV, avec une radio, des pansements à changer, le pompon, comme dirait l'autre... 
Ce soir, la chance est avec nous, l'infirmier répartiteur nous a pris "à la bonne", il est sympa, et s'occupe de faire avancer les choses. 
Il faut dire que je ne suis jamais très à l'aise, avec des gardé à vue, en dehors d'un service de police; Plus le temps passe, et plus le risque de fuite est réel. Toujours se méfier. 
Tout se passe bien. Enfin, pour nous. 
Le lieu n'est pas très approprié à la rigolade, certes; pourtant, cela nous aide à passer le temps. 
L’espace d'un instant, je me retrouve seul. Seul face à la réalité, où un peu par hasard, je sors de ma petite bulle policière  Nous sommes dans un hôpital  Qui dit hôpital dit patients. J'ouvre les yeux; il y en a partout. Et nous ne sommes que dans les couloirs. Ce sont les murs qui longent les lits, et non l'inverse. Je parcours les visages, les uns après les autres, et c'est le désarroi, que je lis. Le personnel médical passe, repasse, dans un sens, puis dans l'autre. Et eux, comme les vaches qui regardent les trains, ils observent, peu ou proue, sans mot dire. Bref, les patients patientent.


La configuration des lieux fait que nous sommes juste de l'autre coté d'une paroi où patientent les familles. Devant m'adresser à une infirmière, j'ouvre la porte. Lui donne les documents dont elle a besoin. Comme d'habitude, réquisition judiciaire, mémoire de frais, et certificat médical initial, établi par le médecin, dans nos locaux. 
Une jeune femme en profite pour tenir la porte ouverte; cette porte qui sépare familles et patients. Très joli brin de femme. Elle me demande si elle peut aller voir son papa! Qui suis-je pour lui répondre, ici? Spontanément, elle me dit venir d'une petite commune de montagne, à trente kilomètres de là. Bref, comme l'on dit, une petite "trotte". Nous conversons, lorsqu'elle me dit qu'elle est embêtée, à cause des "clients qui attendent". J'enfile ma carapace... quoi, une avocate? (oui, je sais, réflexe débile, mais je suis bien conditionné (lol) sait-on jamais, attention aux pièges... retour de la parano); nous discutons quelques instants. Finalement, le temps, pour elle, de s'assurer que je ne lui barrerai pas la route. Et puis, elle se décide, franchit le seuil de la porte, et disparaît dans les couloirs, à la recherche de son papa.
Je vais pour retourner auprès de mes collègues, mais la porte est retenue. C'est une femme âgée, qui apparait dans l'encadrement de la porte. Les traits tirés, le visage triste...  
Nos regards se croisent, je vais pour continuer, lorsqu'elle m'adresse la parole. Je ne puis faire autrement que me retourner.
 "C'est mon mari, qui est là. Nous sommes là depuis treize heures - il est alors 20h - . Personne ne nous dit rien. Il a fait un AVC. Il faut dire que c'est le troisième... en deux mois. La deuxième fois, il est tombé par terre. Dans la chute, il s'est ouvert, sur le crâne; et sa blessure ne cicatrise pas! Vous avez, monsieur, il est tout, pour moi... 32 ans que nous vivons cote à cote". 
Je lis, sur le visage de cette femme, tout le désespoir qui est le sien. Elle cherche du réconfort, mais je ne sais quoi lui dire.
 "Il ne parle quasiment plus, vous savez; ne me reconnait plus... mais il mange bien", essaye-t-elle de se rassurer. Evidemment  sans être médecin, on ne peut que se dire que, passé trois AVC en si peu de temps, forcément, le monsieur doit avoir un problème assez important et, à chaque fois, un peu plus de séquelles.
 "Vous savez, nous avons un petit restaurant, dans la montagne; et nos clients attendent, là. Heureusement, ma nièce est restée, ce soir, pour les servir". Elle continue à me parler de son restaurant que j'arrive, finalement, à localiser. "C'est ma fille, que vous avez vue, tout à l'heure". 
Ah, "l'avocate", me dis-je, plus stupide que la moyenne! 
La conversation dure une petite dizaine de minutes; C'est tout le poids du monde, qui repose sur les épaules de cette femme. "Tata Linette; tenez, voici la carte du restaurant; passez nous voir, quand vous le pourrez". 
Et elle continue à me parler de sa vie, de son mari... je sens qu'elle en a besoin. Même si je ne peux faire grand chose pour la soulager, je vois bien que, à cet instant, elle a juste besoin d'une oreille qui l'écoute. 
Huit heures qu'elle attend, dans une salle d'attente, des nouvelles de l'homme qui représente la moitié de sa vie. Huit heure que pas une seule personne ne lui a donné de nouvelles. Je la sens désespérée  vraiment perdue. Elle me fait de la peine. Elle a l'air tellement gentille, si humaine.... 
"c'est bon, on a le certif... ". Ca y est, c'est l'heure de repartir; il est presque vingt deux heures. Les deux GAV sont menottés, retour dans le véhicule. 
Au passage, je croise "l'avocate", finalement restauratrice; je l'entend dire qu'elle a vu son papa, que "ça va bien". "Tata Linette" esquisse un sourire, en fait un soulagement. Elle va se rassoir, maintenant qu'elle a repris une dose de moral qui la fera patienter encore un peu. Je conduis mes deux "clients", nos regards se croisent, elle me gratifie d'un joli sourire. Que je lui renvoie. 
Bon courage à vous, Tata Linette, me dis-je. 
Bref,  pour moi, un autre instant d'humanité, une tranche de vie, au milieu de cette course contre le temps qu'elle une garde à vue.
Aujourd'hui encore, je pense à cette femme. Ému... 
A très bientôt, madame; je me ferai un plaisir de venir vous saluer. Vous, et, je l’espère votre mari. 

samedi 1 décembre 2012

un seul être vous manque et tout est dépeuplé... alors imaginez deux!

C'est un peu triste, ce soir, que j'écris ces quelques mots.
Voilà quelques mois... que dis-je - le temps passe - quelques années, que je me laisse aller à la blogosphère, ou encore sur les réseaux sociaux. Tout ce temps pour tenter de dépeindre ce qu'est mon métier, montrer que nous policiers, ne sommes pas si loin des citoyens que nous devons protéger  et que, d'ailleurs, nous sommes, avant toute chose.
Montrer que nous ne sommes qu'humains, finalement; professionnels, certes. Mais humains. De fait, avec des défauts. Et, j'ose espérer  quelques qualités. J'insiste, mais finalement, ni mieux, ni moins bien que d'autres. Pareils. La seule chose que nous avons, c'est une éspèce de procuration de l'Etat, d'agir en son nom, selon les textes que nos représentants ont voté.
Par ma présence, j'essaye, en quelque sorte, de dépeindre mon environnement d'une manière différente que ce peuvent en raconter les journalistes, en général les seuls ayant accès à une partie de ces données.

Et pour cause, rien n'est mieux dit que lorsqu'il l'est de l’intérieur, par celui qui vit l'évènement.
J'ai commencé par un blog, et j'ai continué via le microblogging "Twitter".
Plus le temps est passé, moins je me suis senti seul .Je me suis fait la remarque, il y a peu; j'étais le premier à critiquer magistrats, avocats et autres journalistes. Ils représentent désormais 70% des gens avec qui je suis en contact via ces réseaux sociaux; Oh, je n'en connais, IRL, comme l'on dit -comprenez In Real Life - que très peu. Ce n'est pas faute d'en avoir envie... Et, jour après jour, échange après échange, on apprend un peu à se connaitre .Tantôt au travers d'un sujet personnel, la plupart du temps au travers d'un fait divers que nous commentons, et parfois, par le biais des commentaires que nous faisons tous sur nos professions respectives.
Puisque, finalement, c'est là que se trouve l'échange, le vrai. parler de ce que l'on connait, des difficultés rencontrées. De l'autre coté, le twittos, qui, peut-être comme moi, avait quelques idées préconçues et qui, au fil des discussions, comprend les difficultés "d'en face".
Le ton est différent chaque jour; l'humour, la colère, l'ironie. chaque jour, et chaque interlocuteur sont différents. Question de caractère, aussi. Parfois même chamaillerie; et je ne suis pas le dernier.
Il y a quelques temps, j'aurai dit "c'est de leur faute...", pour ne parler, finalement que de manière corporatiste. Aujourd'hui, je dis "qu'est-ce qui a pu conduire..." ; oh, j'en arrive parfois à la même conclusion. Mais pas toujours.
Policiers, gendarmes, magistrats, avocats... faisons partie d'une chaîne extrêmement complexe.
Une société idéale voudrait que toute cette chaîne fonctionne à la perfection. que les rouages soient huilés, et que le tout soit à plein régime... constamment, tout le temps.  Mais nous sommes tous humains, avec, parfois nos erreurs, mais aussi nos difficultés respectives, qu'elles soient personnelles ou professionnelles.
Toutes ces petites raisons qui font qu'un jour ne ressemble jamais à un autre. Que l'on apprécie les bons jours comme l'on déteste les mauvais.

Bref, je m'étend.... je m’égare, même.

Mais je me sens enrichi, au contact de toutes ces connaissances, aussi, puisque j'apprend, au quotidien, ce qu'est leur vie, mais surtout quelles sont leurs contraintes et leurs difficultés. J'ose espérer que eux, derrière leur écran, ressentent, au moins un tout petit peu, la même chose.
Tout cela n'empêche pas les désaccords, qui peuvent parfois être profonds. Mais toujours respectueux.
Mais au moins, on essaye de se comprendre; bref, même si on ne se voie pas, on communique.

Pourtant, nous rencontrons une difficulté. Tous, autant que nous sommes, magistrats et policiers, relevant du pouvoir que nous délègue  chacun en ce qui nous concerne, l'Etat, devons nous imposer un devoir de réserve. Quelques lignes de recherche me font découvrir qu'en fait, ce devoir, nous est imposé depuis 1935, et qu'il est, en fait, issu de la jurisprudence. Bien que repris, pour ce qui me concerne, dans le Code de Déontologie de la Police Nationale, issu de l'article 11 du Décret du 18 Mars 1986, lui portant création.

Bref, nous devons donc faire attention à ce que nous disons, aux opinions exposées.

En 1986, Twitter n'existait pas; je ne parle même pas de l'an de grâce 1935.
En ces temps, n'existait pas, non plus, l'anonymat qui confère à celui qui parle, une sécurité, une distance, sans pour autant qu'il soit dans l'obligation de renier ce qu'il est, sa profession, information qu'il serait alors censé porter un peu comme une croix, un boulet... une honte, dont il ne faudrait parler à personne.

Twitter et les blogs permettent à tout un chacun de s'exprimer, tout en permettant de mettre en avant, ou du moins de ne pas le cacher, ce qu'il est, ce qu'il fait.
La seule condition nous nous imposons tous: Pas de noms, pas ou peu de précisions géographiques. De sorte à ne pas mettre à mal une affaire dont nous aurions connaissance, ainsi, et surtout, ses acteurs.

Et voilà qu'un journaliste (est-ce bien la bonne appellation?), qui avait du temps à perdre (c'est comme cela qu'il se décrit lui-même), vient remuer tout ça, pour faire le "buzz".Ce journaliste descend dans la fosse pour "dénoncer" deux professionnels évoquant leur quotidien. Non sans humour, d'ailleurs, et c'est même ce qui tend à rapprocher de telles fonctions du citoyen "lambda".
On reproche tellement souvent aux policiers, comme aux magistrats, d'être dans leur tour d'ivoire.
Imaginez un peu les horreurs auxquelles nous faisons face tous les jours. Vols, viols, meurtres, alcool, drogue... Mais sans l'humour, la dérision... ou serions-nous?
Que ferions-nous, sans mêler cette distance à ce quotidien finalement si tragique?

En voilà deux, donc, qui ont voulu en descendre, de cette tour, pour se mêler à  la foule. Plutôt que de dépeindre une situation glauque, ils ont pris un ton humoristique pour évoquer une affaire qui leur revenait. Encore une fois sans aucun détail permettant d'identifier la dite affaire.
Ce qui n'a, et j'insiste, à aucun moment remis en cause leur travail puisque chacun est donc resté à sa place, dans le rôle qui est le sien. Cette affaire s'étant, de fait, déroulée, comme toutes les autres, jour après jour, sur tout le territoire français, sans incident.

Voilà donc un homme qui pense qu'il serait interdit de penser. Ou du moins de dire ce qu'on pense, même anonymement, sur un ton autre que grave, limite depressif!
A quand la lobotomie qui nous empêche directement de penser?

Mais j'en veux encore plus à cet homme qui, en plus, s'est permis de livrer en pâture - il n'y a pas d'autres mots - les identité de ceux qui se voulaient anonymes.

Monsieur Dewitte, vous n'avez rien compris. Rien. Aujourd'hui, j'ai pu lire ce commentaire qui trouve là tout son sens: hier, les magistrats voulaient censurer la presse; désormais, c'est la presse qui censure les magistrats".
Votre article est juste contre-productif; A contre courant de la société.

Devant ces faits, j'ai pensé à m'auto-censurer, à me limiter, comme certains.. mais à y réfléchir  je n'ai rien à me reprocher. Je n'ai donc aucune raison de me cacher. J'assume ce que j'écris, en faisant attention, toujours, à ne pas nuire, ni à mon institution, ni, directement, à mon travail, et aux enquêtes auxquelles il m'est donné de participer. Bien au contraire, mon but est de défendre l'institution et le travail que je suis fier d'accomplir tous les jours.

Pour finir, amis lecteurs, je ne peux que vous conseiller cette lecture: rassurez-vous. Si vous avez tenu jusqu'ici, il vous sera bien plus facile de lire ces quelques lignes.



A deux twittos qui n'ont toujours fait que respecter la noble profession qui est la leur. 

mercredi 3 octobre 2012

Toutes les vérités sont bonnes à dire... y compris en garde à vue


Ah... que ça faisait longtemps.. ah... que ça faisait longtemps.... la bonne vieille marotte!
Voilà que Maitre Eolas nous fait un retour sur la garde à vue à l'occasion de l'affaire qui secoue actuellement le handball français. 
Théoriquement, vous avez lu le billet d'Eolas... mais; si ce n'est pas le cas, allez-y, ici



Comme vous l'imaginez, je ne pouvais m'empêcher de lui répondre... et je vais donc le faire "point par point", afin que je sois certain d'être bien clair.

D'avance, je m'excuse des citations parfois longues, mais il me parait utile détailler mon avis, sur tous les points abordés. 

Déjà, ces joueurs ont donc fait appel, comme vous l'avez dit, à des pénalistes réputés. Il m'arrive parfois de pester contre les voyous que je croise, qui ont les moyens, et on se demande bien comment, de se payer des avocats réputés, dont les honoraires le sont tout autant.
Dans le cas présent, la question se pose moins (encore que, vue l'infraction elle-même...), donc, cela ne me gêne pas. Ajoutez à cela les possibilités qui font que, du fait de la "publicité indirecte" qui leur est faite, les défenseurs peuvent choisir de ne pas se faire payer leurs émoluments.
Ils ont choisi des avocats qu'ils estiment "bons". Soit.
Ceci étant, et j'en ai eu la démonstration hier, vous ne pouvez empêcher l'inconscient de certains, de se dire, et c'est facile, je le concède "ah, ils ont donc quelque chose à se reprocher". Je le répète, c'est un raccourci, soit.
Vous nous faites ensuite remarqué que "tous ont fait le choix, manifestement coordonné...." Ah, ça veut donc dire qu’ils se sont préparé à l'éventualité de la garde à vue; ok, ok... ils ont donc eu le temps d'en discuter, entre eux, avec leurs avocats... bref, on peut donc considérer qu'ils ont eu le temps de coordonner leurs versions! ok, ok... soit!

Ah, un de mes moments préférés.... le pays "droitdelhommiste"... oh, je vais m'attirer les foudres de Jupiter, je le sens... mais je suis d'avis que ce genre d'adjectif (qui n'en est pas un, mais bon, il est employé ainsi) nous cause, chaque jour, plus de soucis que la veille; on veut tellement créer du droit qu'il en devient parfois absurde, voir incongru, et parfois bien loin de ce que l'on imagine être la justice. Ceci étant, je ne peux nier le fait qu'il faut poser des limites à tout, et que c'est bien le rôle du droit que de le faire.... mais nous sommes désormais bien plus loin que ce que l'on peut attendre de la justice. Et notre société est le reflet du droit appliqué.

Ah, mon passage préféré. Si si, je vous assure, je l'adore, celui-là; histoire de bien faire éveiller l'inconscient des lecteurs:
" Le policier est libre, le gardé à vue ne l’est pas (il peut même être menotté au cours d’une audition, alors qu’il est formellement interdit à un juge d’entendre une personne entravée"
Non, vraiment, je l'adore; je pense encadrer ce passage et le mettre dans mon bureau; j'espère avoir un jour l'honneur de vous revoir, Maitre, et peut-être consentirez-vous à me le dédicacer.
Plus sérieusement; à quoi sert ce passage? Pourquoi se sentir obligé de rabaisser la fonction policière... j'ai l'impression que, dans ces mots, il y a, non pas de la haine (je sais bien que ce n'est pas le cas), mais quelque chose d'indescriptible, mais si loin de l'image de la police; dans les faits et dans la réalité. Vraiment; je suis... non pas choqué (il m'en faut un peu plus, désormais), mais désabusé par ce genre de phrase, qui nous renvoie à une image de tortionnaire, encore une fois....Je rappelle que lorsque le policier entend quelqu'un qui est menotté, c'est qu'il estime qu'il y a un danger potentiel; que la personne est susceptible de s'évader ou d'être violente. 

Bon, bref; je sais bien que je ne vous apitoie pas.Mais, non las, vous continuez:
"Le policier fait un service de huit heures et rentre se reposer..." Là, vous lisez dans mes rêves; comment avez-vous deviné? Oh, certes, il est des policiers qui font des journées de huit heures (allez, je vous le concède, il y en a même qui en font moins); remettons les choses à leur place, si vous le voulez: ces policiers (bande de fainéants) lorsqu'ils ne font que ces heures-là, sont donc en "équipe"; c''est à dire qu'ils sont de matin ou d'après-midi. Ils commencent donc très tôt et finissent tard. D'ailleurs, ceux qui sont d'après-midi, font, 90.% du temps, des heures supplémentaires, dans la mesure où, vous ne l'ignorez pas, la garde à vue est limitée dans le temps... eh oui, il est loin, mon rêve, où je ne fait, sur une garde à vue, que huit heures, parce que je sais que j'ai tout le temps que je veux pour procéder aux actes nécessaires...
Donc, ces collègues fainéants qui ne font que huit heures ne représentent donc pas toute l'institution judiciaire. Eux font ce qu'on appelle le "ramassage"; certes, en terme de chiffre de garde à vue, un nombre certain de mesures qui tend d'ailleurs à baisser. Mais toutes les affaires judiciaires que vous pouvez voir au travers des médias, qui sont le fruit de longues enquêtes... toutes ces affaires sont traitées par des policiers qui font bien plus que les 8 heures. Et bien souvent ces heures ne sont pas "notées", et donc ni récupérées ni payées. Ces heures sont faites dans le seul but d'accomplir le travail de la meilleure manière qui soit. Et il n'est pas rare que ces heures se rapprochent bien plus de la vingtaine que des 8 petites heures décrites plus haut.
Attention, je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières. Je veux juste, encore une fois, remettre les choses à leur place.

ah, les conditions de la garde à vue... un point sur lequel je suis partagé. Souhaiteriez-vous, peut-être, que l'on donne des "étoiles" aux cellules de garde à vue, A celles qui auront la télé, celles qui auront une bibliothèque bien remplie, un large choix de musique, un téléphone.. peut-être un lit double (sait-on jamais, les rencontres dues au hasard....). Non, sérieusement. Je puis concevoir qu'il y a des choses qui ne devraient pas avoir cours.. le minimum étant un matelas propre avec une couverture (et je sais bien que c'est loin d'être toujours le cas), et des toilettes propres. Pour le reste, oui, il s'agit de mesures de sécurité. Et vous n'imaginez pas l'ingéniosité dont savent faire preuve certaines personnes. Je préfère donc prendre le risque d'empêcher 200.000 personnes de lire pendant  24 heures (j'espère qu'elles ne comptaient pas sur la garde à vue pour se cultiver) que d'en voir une seule qui s'est étouffée avec du papier.

"Quand je suis commis d’office pour assister un gardé à vue, je sais que je suis confronté à une personne qui n’a qu’une hâte : que ça se termine le plus vite possible, et qui est prête à dire toutes les sottises qui lui passeront par la tête dans l’espoir que ça se termine".

Le jour où il viendra à l’esprit que la vérité, c'est bien, aussi. Que jamais il n'est demandé à un gardé à vue de mentir. Certes, les questions sont posées, reposées, reformulées, c'est vrai; mais c'est notre job. Et l'on parle bien de vérité, pas d'inventer. Bien souvent, les ennuis commencent avec les mensonges. Et, une fois de plus, les déclarations doivent être corroborées par des éléments, qui sont plus ou moins nombreux, parfois absents, c'est vrai... de là à dire que les enquêtes sont transmises, et jugées avec un "oui, c'est moi, je l'avoue", et point barre... Non.

"Pendant le temps que vous vous languissiez, la police a travaillé".... faites attention, vous pourriez être pris de regrets, que d'écrire de tels mots!

"Le résultat de ces investigations a été consigné dans des procès-verbaux. Le policier les connait. Le procureur les connait. Le juge d’instruction les connait. La presse les connait. En fait, tout le monde les connait sauf deux personnes : votre avocat et vous. Et pourtant, c’est vous qui allez être interrogé sur le contenu de ces PV".

Allez, un brin de mauvaise foi... "tout le monde sauf vous et votre avocat". Ben voyons! 
L'avocat qui assiste aux auditions, avec un un brin de logique, dispose de nombre d'éléments qui figurent dans le dossier. Certainement plus que ce qui fuite dans la presse (fuites qui demeurent une aberration). Pour ce qui est du reste du dossier, vous l'aurez... plus tard... 

"La plupart des questions posées sont des questions dont la police a déjà la réponse".
Ah, une vérité; une vraie. Ce principe sert à jauger, autant que faire se peut, de la bonne ou mauvaise foi de la personne qui nous fait face. 

« Le réflexe des gardés à vue étant de mentir, c’est un jeu de massacre »
Ah, drôle de réflexe, mais soit. C’est vrai ; j’espère que nos handballeurs n’étaient chez leur maîtresse au moment d’enregistrer leurs paris ! Mais, je vous le concède, le mensonge peut vouloir cacher autre chose. Maintenant si comme vous le dites, l’enquêteur connait déjà toutes les réponses, il va pouvoir mettre à l’aise le client, et lui faire comprendre qu’il est informé de la double vie du gardé à vue. Surtout s’il était sur écoute.
Allez, je me livre à un petit tuyau ; je ne devrai pas, mais bon… lorsque vous êtes sur écoute, toutes les conversations sont enregistrées et écoutées. Je dis bien TOUTES. Mais n’apparaitront dans le dossier, retranscrites, que celles qui intéressent l’enquête. Tirez-en les conclusions que vous voulez…

Petit cours d’histoire du droit, sur l’origine de la présomption d’innocence. J’apprends ; comme beaucoup. Soit. Passage intéressant, « la loi punissait sévèrement le faux témoignage sous serment… ». Que l’on revienne à cela, et dès demain, je donne moi-même le dossier à l’avocat, et je le lui photocopie, même. C’est bien là le problème ; jamais on ne sanctionne le mensonge. Qu’il soit devant les policiers, devant le juge d’instruction…. On a beau jeu de dire que la peine est aggravée, si l’auteur est convaincu de mensonge… mais ce n’est pas vrai. Auquel cas, les prisons seraient deux fois plus remplies qu’elles ne le sont.

"Il n’y a que les coupables qui refusent de prouver leur innocence. N’est-ce pas monsieur Aphatie" ?
De mon point de vue, c’est une réalité. Pourquoi refuser ? Ah oui, au nom des sacro-saintes libertés, c’est vrai. Celui qui n’a rien à se reprocher, qu’il souffle. Si, effectivement, cette personne roule à l’eau claire, eh bien quelques instants plus tard, elle pourra repartir.

Vient maintenant ce que je qualifierai d'équivalent au "point Godwin" de la garde à vue! Cela me fait penser que je devrais trouver un terme à ce moment que nombre d’avocats nous servent à toutes occasions… C'est donc à ce moment précis qu'on nous repasse les Richard Roman, Outreau, Dils, Loic Secher…. Oh, ces cas ne me laissent pas indifférent. Loin de là. Mais, je vous rassure, aucun d’eux n’a fait de prison pour avoir truqué des paris sportifs. Bien sûr que ces erreurs judiciaires sont terribles pour ceux qui les ont vécues. Rien ne pourra jamais remplacer cette liberté qu’on leur a prise injustement. Mais combien y a-t-il d’erreurs, sur le nombre d’affaires traitées ? Bien évidemment, qu’il y en qui n’ont pas fait l’objet de tant de publicité, mais au regard de ce qui est traité tous les jours, la statistique est vraiment très faible. Cela n’enlève rien au fait que, celui qui s’est vu injustement condamné, pour lui, c’est du 100%. Bien sûr, qu’il faut tendre à ce qu’il y a le moins d’erreurs possibles. Mais aucun système n’est parfait. Aucun ; ni le nôtre, ni le système anglophone, ni aucun autre. La Justice des hommes ne peut être parfaite, puisqu’humaine.
Mais dire à un gardé à vue de ne pas parler, c’est un peu comme dire au potentiel acheteur d’une voiture de ne pas l’acheter, parce que, tous les ans, il y a des morts sur la route. Ou encore demander au policier de ne pas courir après le voleur, il pourrait se blesser ! Bref, dans tous ce que l’on fait, au quotidien, il y a des risques. Certes, la garde à vue n’est pas du fait de celui qui la subit. Mais, croyez-moi, les garde à vue « injustes » représentent une infime partie du chiffre global. Et, bien évidemment, si on savait à l’avance que la personne était innocente, elle ne serait pas en garde à vue. Mais cela, on ne le sait qu’après. Oui, il y a la présomption d’innocence. Celui qui n’a pas été condamné est considéré comme présumé innocent. Mais là aussi, un vide subsiste. Celui que tous les éléments accablent a droit au même traitement que celui sur lequel des doutes subsistent. Prenez l’exemple du voleur pris la main dans le sac. Eh bien il est considéré comme présumé innocent. Jusqu’au procès.

«  Il suffit pour cela qu’un officier de police judiciaire estime qu’il existe contre vous des raisons plausibles de soupçonner que vous avez commis ou tenté de commettre un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement. De simples raisons plausibles. Qu’il estime souverainement, il n’existe aucun recours, aucune voie de droit pour contester cette appréciation d’un policier qui va vous coûter jusqu’à 48 heures de liberté ». 
Ah, cet OPJ, empêcheur de vivre en rond ! C’est un peu trop facile, que de décrire la décision de garde à vue ainsi. Certes, c’est la définition du Code de Procédure Pénale. Pour autant, je ne me suis jamais levé, un matin, en me disant « tiens, je vais mettre Bidule en garde à vue ce matin. Pourquoi ? Je m’en fous, c’est moi qui décide ». Ni moi, ni aucun de mes collègues n'avons jamais agi de la sorte ! La mesure de garde à vue fait l’objet d’un avis (même si c’est par mail ou fax) à un magistrat qui, au cours de la mesure va demander à ce qu’on lui rende des comptes sur les éléments . Ajoutez à cela le contrôle administratif qu’exerce la hiérarchie du policier. Chaque mesure que je vais prendre sera, au préalablement discutée avec cette hiérarchie.
Arrêtons donc, une fois de plus, de vouloir faire croire que les OPJ sont des tortionnaires sans aucun contrôle...

« Vous allez être confronté à un policier qui, lui, est convaincu que vous avez quelque chose à vous reprocher. Sa conviction repose sur quelque chose : une raison plausible à tout le moins, un indice, un témoignage, il y a quelque chose. Mais ce quelque chose, vous le ne connaitrez pas. On vous le cachera. On préfère que vous parliez librement, dans l’espoir que vous vous contredirez, que vous direz quelque chose démenti par ce quelque chose contre vous, que vous cacherez quelque chose que la police sait déjà. Et vous vous planterez forcément à un moment ou à un autre. »
Voilà le retour du policier (il n’était pas bien loin) qui n’attend qu’une chose, pouvoir enfoncer, juste parce qu’il l’a décidé au réveil (il devait avoir passé une mauvaise nuit), n’importe qui, pour n’importe quelle raison ! Et pourquoi donc tout le monde se planterait à un moment ou un autre ? De la même manière, il y a des choses largement compréhensibles ; on ne va pas demander le même niveau de détail sur ce qu’il s’est passé dans la vie d’un homme la veille, et sur le souvenir d’une journée de trois ans auparavant !

« … votre premier réflexe sera le plus fatal de tous : vous ne prendrez pas d’avocat, parce que seuls les coupables ont besoin d’un avocat, que cela contrarie visiblement le policier et qu’il vous a laissé entendre que cela rallongera la durée de la garde à vue, ce qui est inexact la plupart du temps, puisque le déferrement dépend d’éléments extérieurs comme la disponibilité d’une escorte et l’organisation matérielle du service : à Paris, le déferrement a lieu entre 18 et 19 heures, même si la dernière audition a eu lieu à 10 heures du matin ». 
J’ai aussi connu le cas d’une garde à vue durant laquelle j’ai dû attendre l’avocat ; et puisque ce dernier est venu plus tard qu’il n’était prévu, le gardé à vue a passé le reste de la nuit en cellule . Mais bon, quoi qu’il en soit, je n’ai jamais déconseillé un gardé à vue de prendre un avocat.

« Par définition, il n’y a pas de preuves de votre culpabilité, puisque vous êtes innocent ».
Alors celle-là, je me la passe dans la tête depuis tout à l’heure… je ne dois pas être bien intelligent, puisque je ne la comprend pas ! Donc, toutes les garde à vue sont des erreurs judiciaires ???  Les prisons sont donc remplies d’innocents !!!! OK, je note…

« La défense s’exerce à armes égales, c’est à dire dossier ouvert, et les preuves étalées devant vous. Vous avez le droit d’être confronté à vos accusateurs et à toutes les preuves réunies contre vous. Ce droit vous est dénié en garde à vue. La seule conséquence à en tirer est de ne pas collaborer à cette mascarade ».

On vous l’a dit, Maitre ; la garde à vue n’est pas contradictoire. C’est ainsi. Et ce n'est pas moi qui l'ai dit, mais le Conseil Constitutionnel. Tous les éléments seront connus du gardé à vue ultérieurement. Arrêtons de croire que les policiers n’ont qu’une envie, mettre tout le monde en prison. Ce que nous voulons, c’est arrêter les auteurs d’infractions. Cela tombe sous le sens.
« ... quand on se tait, on ne se contredit pas, on ne se trompe pas, on ne s’enfonce pas sans le vouloir »
En tous les cas, "on" ne s’explique pas. Donc, une raison de plus pour l’enquêteur de se dire qu’il y a quelque chose à cacher. Et, si le magistrat était indécis, peut-être la goutte qui va remplir le vase, et conduire à une incarcération. Alors que répondre aux questions aurait pu clarifier la situation très rapidement.

Enfin voilà, Maitre Eolas, vous nous refaites le procès de cette mauvaise police, contre tous ces gens innocents. Je ne reviendrais pas sur les raisons matérielles, de sécurité, d’organisation, qui font que l’accès au dossier ne doit pas vous être autorisé (même si tout le monde semble convaincu qu’il le sera un jour).  Jamais, dans votre billet, vous ne parlez de vérité. Ni de mensonge, d’ailleurs ! Que le gardé à vue mente ou dise la vérité vous indiffère  Une fois encore, votre intérêt, en tant qu’avocat, et ce n'est pas un reproche, juste un constat, n’est pas la vérité. Il est de satisfaire votre client, de faire en sorte qu’il soit le moins durement « punis ».
N’inversons pas les rôles. 


Pour ce qui est de nos champions du monde, je ne porterai pas de jugement sur le fond. Nous verrons bien l’issue de cette affaire. Une chose est certaine. Nous sommes passé, et là, je vous rejoint, de l’âge d’or du handball à l’âge de glace. Je suis de ceux qui pensent qu’il devrait tout simplement être interdit de donner tant de détails sur les affaires en cours ; surtout si elles sont de nature à faire l’objet d’une médiatisation plus qu’à la « normale ».
Cette affaire est sortie voilà quelques mois, déjà ! Tout était écrit ; à partir du moment où la presse s’est faite l’écho d’une supposée tricherie, la machine était lancée. C’est, de fait, la presse elle-même, qui a piégée les joueurs. Une fois l’affaire dans les journaux, les joueurs auraient visiblement paniqué, et passé des coups de téléphone plus qu’à l’habitude, en faisant état de l’affaire. Bref, c’est lors de ces instants qu’ils ont été les plus crédibles.  Quelle a été la teneur exacte de leurs propos ? Seuls les enquêteurs le savent. Les enquêteurs… et les parties prenantes au dossier.
Nous verrons bien, d’ici à quelques mois, l’issue de cette affaire. Mais, quoi qu’il arrive, innocents ou coupables, les joueurs auront été lynchés. 
Pour ce cas, on ne peut pas "refaire le match". 

samedi 22 septembre 2012

un fil et deux pots de yaourt... ne vous inquiétez pas, la police veille!

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas vous parler d'actualité, mais plutôt du quotidien des policiers. Tous les policiers. Qu'ils soient en tenue, en Sécurité Publique, en Police Judiciaire, en CRS ou encore en sûreté du Territoire. Ce sont des métiers bien différents, mais qui ont tout de même des points communs. Et ces points communs sont avant tout matériels.
Si je vous parle matériel, vous allez, avant tout, penser à l'arme à feu, puisque c'est la plupart du temps son usage qui en est médiatisé. Elle a son importance, certes, mais se trouve être bien plus utile dans la dissuasion que réellement utile en tous temps.
Les plus tordus vont ensuite penser aux menottes. Oui oui, je vous vois, là... on s'est compris. lol Bref, les menottes, bien sur, utiles aux interpellations, et permettant d'éviter qu'un individu interpeller puisse prendre la fuite, ou encore frapper les policiers interpellateurs. Bref, elles aident à maîtriser celui qui est interpeller.
Tous les policiers de France et de Navarre, pour peu qu'ils soient 'actifs" sont équipés d'une arme individuelle et d'une paire de menottes.
Mais il est un élément qui me semble bien plus indispensable encore que tout cela: la radio.
La Police Nationale est dotée, depuis 1994, du système ACROPOL, qui n'est autre que l'acronym de "Automatisation des Commumnications Radiotéléphoniques Opérationelles de Police".
Ce système est sécurisé, numérique, et a surtout le mérite d'être utilisable sur tout le territoire national. Que l'on soit à Lille, Marseille, Paris.... et, fonction de certaines options, que tout ce petit monde soit sur le même canal; enfin, depuis la mise en place de ce système, on appelle ça une "conférence". Petit à petit, ce système a donc étendu. Avec un cout non négligeable. 640 millions d'euro, selon Wikipedia. Outre le système radio que l'on a tous en tête, cet appareil permet des appels directs, de style téléphonique, entre deux appareils, via un numéro d'identification unique.
Par ailleurs, ce système peut être couplé avec les réseaux d'autres services de secours, comme les Pompiers, le Samu... via le système Antares. Les gendarmes, quand à eux, utilisant le réseau "Rubis", lequel peut aussi être mis en réseau avec Acropol ou Antares.
Alors que j'étais en poste à Paris, j'ai souvent critiqué ce matériel. Problèmes de relais dans certaines rues, postes qui font 3x la taille d'un téléphone mobile, batteries fragiles....
Mais ce système a le mérite d'exister.

Voilà maintenant un mois que je suis arrivé aux Antilles, et que je suis affecté. J'apprend donc le fonctionnement du service, comme le fait n'importe quel "petit nouveau". Même s'il s'agit d'une antenne, il s'agit d'un service réputé. Je n'en dirai pas plus. La seule chose que l'on puisse dire, c'est que, dans l'inconscient de tous mes collègues, ce service est bien "doté".
Eh bien force est de constater que ce n'est pas le cas. Et même loin de l'être. Toutes les voitures ont près de huit ans, plus de 100.000km au compteur. Et, autant dire que ce kilométrage, aux Antilles, vaut un bon 200.000 en métropole, tant les voitures se dégradent du fait de la chaleur et de l'humidité qui plombent le matériel  Ajoutez à cela une bonne RGPP, donc une réduction des dépenses (comme toutes les administrations), et vous arrivez à la situation actuelle.
Ah si, j'oubliais.... enfin non... c'est là que je voulais en venir. Le service n'est doté d'aucun système radio.
Si si, c'est vrai. Si vous êtes policier, comme moi, vous devez penser, dans votre imaginaire, que n'importe quel service de police dispose d'un système de radio, hein??? Eh bien non! Ce n'est pas le cas! Le commissariat a des radios, mais la PJ... non!
j'avoue être carrément choqué! Il n'en va QUE de la sécurité des fonctionnaires! Très peu de choses, hein!!!
Bien évidemment, pour les surveillances, j'en parle pas... c'est juste quasi infaisable. Alors oui, certains me disent "on fait comme ça depuis six ans, et on a quand-même fait des affaires". Eh bien je dis "bravo", très bien. Ce n'est effectivement pas simple. Mais, pour autant, doit-on s'en contenter? Il n'y a, jusque là, jamais eu de problèmes... ce qui en veut pas dire qu'il n'y en aura pas!
Déjà que, par le simple fait de l'île, de sa construction, ce n'est pas simple, mais sans même pouvoir communiquer, c'est juste quasi impossible! Imaginez une filature.... je précise qu'il n'y a presque pas de noms de rues, ici... ajoutez à cela le fait de n'avoir aucun moyen radio... bref, vous vous amputez d'une réussite.... ajouter les véhicules qui sont connus d'à peu près tous les voyous... des moyens technologiques inexistants... bref, j'ai fait un retour en arrière de 20 ans, sans les radios, avec des voyous qui, eux, sont bien armés, et dangereux!
Imaginez la sécurisation d'une rue, un peu avant une interpellation à domicile; aucun moyen de communiquer, entre le chef du dispo, et ceux qui sont autour de la maison!!!
Tout ceci est assez étonnant.
Et, comme d'habitude, l'administration compte sur la motivation de ses troupes. Et elle est là. Je suis motivé, je vais bosser....mais qu'on nous donne un minimum de moyens, pour travailler, à minima dans la sécurité, et être efficaces!
Je me dis que, si la PJ a eu des résultats avec si peu de moyens, quels seront-ils avec des moyens qui sont juste minimalistes, par rapport à ce qui existe en métropole.
Lorsque je parlais d'aventure, je ne pensais certainement pas à devoir utiliser deux pots de yaourt reliés par un fil pour pouvoir communiquer!
Bref... je découvre... mais, j'en suis sur, ça va marcher. Heureusement, j'ai de bons collègues. C'est déjà ça, me direz-vous

dimanche 2 septembre 2012

qui et quoi pour éteindre l'incendie, à Marseille???

Ca y est... c'est la guerre... en tous les cas, à Marseille, et selon madame la sénatrice Samia Ghali, qui demande donc l'intervention de l'armée! Une nouvelle opération "com" pour un sénateur, tellement ils ne savent comment se rendre utiles. Il ne peut en être autrement puisque, cette élue ne doit pas être sans savoir que pour faire intervenir l'armée en matière de sécurité, il faudrait que soit décrété l'état de siège. Est-ce le cas? Non, nous en sommes loin!
Voilà donc la cité phocéenne portée, semaine après semaine, en une de tous nos quotidiens et hebdomadaires!
On a, à chaque fois, l'impression que c'est nouveau. Pourtant, il y a tout juste quelques mois, Nicolas Sarkozy nommait Alain Gardère, Préfet des Bouches du Rhône, son prédécesseur n'ayant fait, lui-même, qu'une année à ce poste, pour, selon le ministre de l'époque, "redresser la situation".
Et voilà que l'on commence à sortir, dans les presse, des "noms"; quand bien-même, le porte-parole du Gouvernement  Najat Belkacem, et le Ministre de l’Intérieur lui-même démentent!
On laisse fuiter des noms pour tester les réactions... question d'habitude.
A croire que le seul qui puisse régler le "problème" soit le Préfet! C'est lui qui fait les enquêtes, lui qui va, à 6 heures, interpeller les suspects... bref, c'est le Préfet qu'on change!
Lorsque nos politiques comprendront que ce n'est pas en changeant les hommes, d'une année sur l'autre, que l'on avance... et que, bien au contraire, celui qui est enraciné, qui connait la région, connait les différents partenaires, aura une bien meilleure gestion des évènements. Alors, déjà, ça ira mieux.

le canon d'une kalachnikov
Mais pourtant, aussi bon soit-il, un Préfet, ne peut, à lui tout seul, endiguer un problème. D'ailleurs, j'ajoute que, à Marseille, le problème n'est pas nouveau. Même si l'on fait semblant de découvrir le phénomène.
Dans les années 80, déjà, les règlements de compte étaient légion! Et pour les mêmes raisons qu'aujourd'hui: le contrôle des territoires. Seul le produit change; à l'époque, c'étaient les stupes, les machines à sous et la prostitution... il semblerait que maintenant, cela soit plus porté sur les stups.

Les hommes, également, ont changé; A l'époque, il s'agissait de "vieux" voyous, qui se partageaient le terrain. Désormais, ce sont les caids des cités. Mais le problème est le même. On tue pour l'argent et pour faire peur.

Cela signifie quoi? Eh bien, tout simplement que la police ne dispose pas de plus de moyens qu'il y a vingt ans. Et que l'Etat est incapable de régler le problème.
Alain Gardère, lui-même, nous dit qu'il n'y a pas besoin de plus de policiers. Ça tombe bien, on ne saurait pas où les enlever! La réponse doit bien arranger le Gouvernement.
Bien. Pas besoin de plus de policiers. Que faut-il, alors?
Certes, les règlements de compte sont aussi nombreux qu'il y a vingt ans. Pourtant, quelque chose a tout de même changé. En même temps que les caïds contrôlent les cités, les habitants ne s'y sentent plus en sécurité. Alors même qu'ils sont chez eux. Et cela, ce n'était pas le cas, me semble-t-il, il y a 20/30 ans. Quelque chose a donc bien changé, et la situation s'est aggravée.
Qui a la solution? Vraisemblablement, personne!
Il n'y en a, je pense, qu'une seule. Plus de moyens! Des policiers, que ce soient des enquêteurs ou encore des intervenants en tenue, mais pas seulement. Toute la chaîne doit être complétée. Cela va des personnels sociaux, aux magistrats; en passant par les gardiens de prison, agents de probation, etc... Mais cela, personne ne pourra l'envisager. Il n'y a plus de sous. Alors on va prendre 10 policiers à droite, et les mettre à gauche. 1 magistrat en plus; deux agents de probation.... bref, on va faire un peu de vent, histoire de dire qu'on ne fait pas "rien". Et, une fois que tout cela ne sera plus médiatisé, le jeu des mutations fera que, dans une année, on sera à nouveau au même stade. Des policiers seront partis en retraite et non remplacés, un magistrat aura été muté, et son cabinet ne sera pas repris.... et on reviendra à la case départ.
Depuis bien des années, maintenant, les Gouvernants ne font qu'une seule chose, céder à la médiatisation. Tout ce qui n'est plus médiatisé n'est plus traité. Bref, avant de soigner le mal, on soigne l'opinion.
Et c'est comme cela que, année après année, les extrémistes font leur nid. Ils n'ont qu'à attendre que les gouvernants actuels ne fassent rien. Et, plus le temps passe, plus les électeurs se disent "pourquoi pas".
Mais cela, nos politiques, tant accrochés à leurs sièges, à leurs mandats (volontairement, j'y met un S), ne l'ont toujours pas compris. Ou peut-être est-ce pire. Ils ont compris. Mais ils sont tellement bien, qu'ils n'arrivent pas à décrocher. Une sorte de drogue, en quelque sorte. Ce sont, finalement, les premiers à entretenir ces climats, à leur niveau. Par leur passivité.
Lorsque eux donneront l'exemple, et qu'ils commenceront par être de vrais représentants du peuple, alors, peut-être, pourront-ils être plus efficace pour lutter contre la criminalité.

Mais ce temps-là, je ne suis pas sur de le connaitre un jour!

jeudi 30 août 2012

Une rentrée pas comme les autres

Me voilà à nouveau en liaison avec le monde du 21ème siècle, puisque je dispose désormais de l'ADSL à mon domicile. Voilà quelques jours que j'arpentais les recoins de la maison pour trouver la meilleure connexion 3G. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, plus le temps était incertain, meilleure était ma connexion. Bref. Tout ça pour dire que je suis désormais installé.

Il ne me reste donc que quelques jours avant de faire ma rentrée. Une rentrée, en tous points, pas comme les autres.



Cette année, j'aurai un nouveau Directeur, ainsi qu'un nouvel instituteur et de nouveaux camarades de jeu. Les cours dispensés par mon école métropolitaine, étaient suivis, chaque jour par 90 élèves. La nouvelle n'en compte désormais qu'une douzaine; avec tout juste deux classes. L'avantage, c'est que ma classe sera composée presque exclusivement que de petits nouveaux, comme moi.

Même le terrain de jeu sera différent. D'un milieu urbain, je passe à un milieu insulaire. Et pourtant, le but du jeu est le même. Avoir les meilleures notes possible. Comme partout, certains préfèrent le français, et d'autres les maths...
Pourtant, il subsiste quelques points communs avec mon ancienne école. Il va nous falloir noircir de nombreux cahiers, apprendre nos leçons.
Comme dans mon ancienne école, à la fin, les cancres seront renvoyés.


Le bon coté, c'est la cour de récré. Elle est bien plus sympa. Au lieu de m'enfermer l'hiver arrivant, je vais pouvoir jouer en plein air. Avec mes nouveaux voisins...

Bref, pour quelques mois, c'est une nouvelle vie, qui m'attend... différente en tous points. Pas un seul repère, si ce n'est pas petite famille, et poilu à quatre pattes. Humainement, de quoi resserrer les liens, faire des choses à la foi différentes et nouvelles. Et cela tant professionnellement que personnellement. J'y vois là un enrichissement tout particulier. De mon point de vue, la remise en question est nécessaire; régulièrement. De la sorte, on évite l'ennui, la routine. Simplement, on avance, on évolue... et on s'améliore. Enfin, c'est ce que je pense, et ce en quoi j'aspire.

D'un point de vue bien plus général, peut-être vais-je avoir un peu plus de "recul" avec l'actualité juridico-policière, dans la mesure où je serai, ici, hyper spécialisé, et très peu assujetti aux saisines. Peut-être l'occasion d'avoir un autre regard. Ou pas !

De toutes les manières, comme vous pouvez le constater, aucune raison de ne pas continuer à faire état de mes idées. Ici, ou sur Twitter, (via mon compte PJ_un_jour) .
De votre coté, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Le hasard fait que ce billet de rentrée est le 100ème publié sur ce blog... l'occasion pour, pourquoi pas, inover. de fait,  si vous avez envie de publier quelques lignes en tant que professionnel (justice/police), n'hésitez pas à me contacter.

Je vous dit, à très bientôt, au hasard d'une conversation qui ne pourra être qu'enrichissante.



mardi 14 août 2012

de l'image du sport...


Voilà bien longtemps que je n’avais eu l’occasion de rédiger quelques lignes… déménagement et manque d’inspiration (les deux sont peut-être liés) en étaient certainement la cause.


Et voilà qu’en cette fin d’olympiade (avant que ne commencent les paralympiques), un sujet s’impose à ma conscience. Dimanche, nos handballeurs, les « experts » ont réussi l’exploit de conserver leur titre olympique, dans, - petite aparté – ce qui a été un superbe match.

Comme il se doit, ils ont ensuite fait le tour des médias, et répondu environ cinquante fois aux mêmes questions ; mais ça fait partie du jeu. Les voilà donc à Londres, sur le plateau de l’Equipe TV. L’humeur est, somme toute, festive, nos handballeurs sont vraisemblablement quelque peu ennivrés, commençant à démonter le plateau ; bon, appelons un chat un « chat », à le casser. J’avoue, j’ai souri. Claude Onesta et Nicolas Karabatic en tête, s’en sont donné  à cœur joie. Soit. Un fait divers, des images qui font le tour du web et des télévisions.

J’en suis resté là, jusqu’à ce que matin, jusqu’à ce twitt de Joseph Macé Scaron, relayant un article de Nicolas Docao, élève de l’ENS Cachan ; article publié sur « le plus » du Nouvel obs (lien).

Il faut rappeler que, dans les semaines qui ont précedé ces Jeux Olympiques, « l’Equipe » n’avait pas été tendre, avec les joueurs de Claude Onesta. Et ces derniers n’avaient pas « bronché », préferant répondre sur le terrain. Et non pas après avoir marqué un seul petit but (cf Mr Nasri), mais en gagnant la compétition ultime, pour la seconde fois d’affilé.

Je l’ai faite, cette comparaison, mais parce que l’on m’y a obligé. J’étais loin d'y avoir pensé. Mais, désormais, certains handballeurs, sont comparés, par certains, à nos footeux. Personnellement, j’ai du mal à comparer l’attitude d’un Nasri ou d'un menez, dont il suffit de regarder le visage pour lire la haine et/ou la rage qui les habite, avec celle d’Onesta et Karabatic qui, somme toute, sont, certes, îvres, mais joyeux. J’interprète cela comme une « revanche bon enfant ». 

Alors que j’ai exprimé mon petit point de vue sur twitter, l’auteur de l’article m’a fait le parallèle suivant : «  M. le policier, si je casse une voiture bourré pour fêter un concours gagné, vous ne me direz rien. Merci. 

J'ai pu lire, également, certains twitts de magistrats ayant à juger des gamins qui avaient cassé des rétroviseurs dixit "pour s'amuser".
Le parallèle a le mérite d’être interessant. Mais je ne met pas tous ces évènements dans le même panier. 
Effectivement, comme ça, si l’on devait casser ma voiture, je déposerai plainte à l’encontre de son auteur ; festif ou pas, îvre ou pas. Et, en tant que policier, bien évidemment, j’interpellerai la personne. C’est évident. Pourtant, à y regarder plus loin, il subsiste des différences qui, selon moi, ont leur importance.


Ainsi, je pose les questions suivantes :

  • Qu’ont fait les journalistes et les équipes de la chaîne TV, alors que Onesta et consorts démontaient ou cassaient leur décor ? à Rien, ils rigolaient
  • La Chaîne TV a-t-elle déposé plainte ? Je n’ai pas l’info, mais je pense que non.  Si cela devait être le cas, la justice suivra son cours.
J’en reviens à l’exemple de la voiture, qui m’a été donné. Et je reprend mes questions :

  • Je vois quelqu’un qui casse ma voiture : une chose est certaine, je ne vais pas me marrer. Ivre ou pas. Joyeux ou pas. Je vais intervenir
  • De la même manière, je vais déposer plainte contre l’auteur des dégradations.
Et je ne parle pas de la pub indirecte faite à l'Equipe TV, puisque ces images ont faites le tour des médias! 

Et j’en reviens, encore une fois, à la manière. Attachons-nous aux images, puisqu’on les a. Les « casseurs » démontent plus le studio qu’ils ne le cassent ! Ils n’y vont pas à coups de pieds, poings et autres outils pour casser le mobilier. Tout se fait en douceur, et dans la bonne humeur.

Reprenez le cas des Nasri et autres footeux ; regardez juste leurs visages, leurs attitudes. Il n’y a là aucune bonne humeur !

Et, encore une fois, Onesta et autres se sont permis cette « réponse », après avoir répondu sur le terrain. Et, selon moi, c’est fondamental. S’ils avaient perdu au premier tour, on n’aurait entendu personne, et ils n’auraient pas été dans les studios de l’Equipe TV. Nasri se permet des insultes alors qu’il a marqué un seul et unique but, au premier match. Alors qu’il n’a, finalement, rien fait d’autre durant la compétition ; et on connait le résultat.
Pour autant, cela ne veut pas non plus dire que l'on peut tout se permettre parce que l'on gagne! 

J’ajoute simplement une chose : j’adore le foot, et suis très peu connaisseur du hand ; c’est parce que je suis supporter de la France, de toutes les équipes de France, que j’ai regardé cette finale. Et, vraiment, l’attitude des handballeurs n’a rien à voir avec celle des footeux dont on a bien compris qu’ils fonctionnent à la pompe à fric ; je parle là que de la majorité de nos internationaux, censé nous représenter. Comme toujours, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Ne pas généraliser.

Et j’en reviens à l’image générale qu’a donnée l’équipe de France de hand, à la façon d’un Bolt ; ça, c’est une équipe. Une bande de potes qui vont au bout d’eux-même.


 Enfin, pour ce qui est des paroles de Claude Onesta, je cite « les collabos vont être tondus », il suffit, avec les âmes « bien-pensantes » horrifiées au moindre usage d’un terme en relation avec  la seconde guerre mondiale et la shoah . On peut tout aussi bien être horrifié de ce qui s’est passé il y a près de soixante ans, et comprendre le parallèle qui a été fait, l’image, la signification des termes employés par Claude Onesta. 

Pour conclure, je m'en fiche un peu, de ce qu'il s'est passé sur le plateau de l'Equipe. Ce que je retiendrai, ce qui sera retenu par la très grande majorité, y compris les gamins, c'est cette image. Le reste... 
Enfin, c'est mon avis. 

samedi 14 juillet 2012

Une page qui se tourne

C'est en ce 13 Juillet 2012 que j'ai quitté mon service.
S'il était connu de la plupart de ceux qui passent par ces pages, je ne l'avais jamais cité.
Il s'agit donc de la Brigade de Répression du Banditisme, de Paris. La BRB.

J'y aurai donc passé six années
Rétrospectivement, si, lorsque j'ai intégré l'école de police, en 1996, on m'avait dit que j'y traînerais mes guêtres... je n'aurai pu éviter de sourire. Je pense souvent à ces années travaillées dans une brigade de nuit, où j'ai vu arriver ces policiers de la BRB, qui débarquaient à la suite d'un règlement de compte, en banlieue.  Nous étions comme des gamins, avec les grands flics du 36 qui arrivaient. Tout juste osions-nous leur adresser la parole...
Il aura fallu du travail, pour y arriver, du temps, et, nécessairement, une part de chance, une opportunité. Que j'ai saisi, à l'époque, sans même savoir ce que j'allais faire...

Au cours de ces six années, j'ai eu la chance de travailler avec de très grands flics. Selon moi, pour certains, parmi les meilleurs de la profession. C'était un honneur, que d'être à leurs cotés. Et, comme il n'y a pas de grands flics sans grande affaire, il m'a été donné l'occasion de participer à quelques-une d'entre elles. Et pas des moindres.
La plus belle d'entre elle: le vol à main armée commis au préjudice de la bijouterie Harry Winston, à Paris, le 4 décembre 2008. 85 millions de dollars, pour le butin. Dans cette affaire, sans rentrer sur le fond du dossier, il nous a été permis d'user de nombre de techniques de police, permises par le Code de Procédure Pénale. Autant dire, que j'ai donc appris énormément. Mais les belles affaires sont celles qui réussissent. Une trentaine de personnes avaient été arrêtées, quelques mois après les faits. mais, surtout, nous avons pu retrouver une grande partie du butin, en bijoux, et plusieurs centaines de milliers d'euro. Bref: les voleurs interpelés, les magot retrouvé... juste génial.
Et cette affaire reste un beau souvenir également, parce que c'était difficile. Nous ne comptions pas les heures passées au bureau, en extérieurs, la nuit, les week-end... six mois intenses.


D'autres dossiers ont été marquants:
- l'interpellation d'auteurs de casses de bijouteries, qui creusaient dans les murs pour commettre leur forfait
- l'interpellation de braqueurs serbes faisant partie de la "pieuvre" qu'on appelle "Pink Panthers"
- l'interpellation d'un homme soupçonné d'être l'auteur du meurtre d'un bijoutier parisien...

bref, les affaires ne manquent pas; je ne cite que celles qui me viennent immédiatement à l'esprit.

Mais il est une certitude. Le policier, seul, n'est rien. C'est un travail d'équipe. Et c'est la complémentarité des hommes qui fait qu'on arrive à un résultat. Nous sommes tous un maillon d'une chaîne. Et si chacun joue sa partition, nous sommes forts. Très forts. C'est le cas dans le service que je quitte.

Mais voilà. Je suis de ceux qui pensent que, pour se remettre en question, et ne pas s'asseoir sur ses certitudes, il faut bouger. Se remettre en question. Si on reste trop longtemps dans un poste, à force, on en arrive à en faire un peu moins, vivre sur ses acquis et le passé. Et je n'aime pas cela.
Donc, je change d'air. Je vais apprendre autre chose, compléter mes savoirs tout en faisant profiter les autres de ce que je sais faire. Bref, être un autre maillon, dans une autre chaîne.

Et, plus qu'une aventure professionnelle, je vais en profiter pour tenter l'aventure familiale.

Bref, qui vivra verra.

Mais une chose est certaine: PJ un jour... PJ toujours...




mardi 19 juin 2012

soutien

Juste quelques mots de soutien, à l'épreuve que vivent nos collègues gendarme. C'est une bien triste semaine que nous vivons, avec la disparition de deux dès nôtres, dans l'exercice de leurs fonction. Les deux gendarmes abattus intervenaient pour un vol de sac, lorsque l'un d'eux s'est fait dérobé son arme de service, qui servira, quelques secondes à l'abattre, ainsi que le collègue qui l'accompagnait. 
Chaque perte est une mauvaise nouvelle pour nos corporations, mais aussi, plus généralement, pour notre société. 
Votre arme, la Gendarmerie, et toutes les forces de sécurité du pays vous rendront hommage, vendredi, le Ministre de l’Intérieur nous représentant toutes et tous, d'où que nous soyons, qui que nous soyons. Gendarmes, policiers et douaniers pensent à vos familles, dans ces moments si difficiles. 
Nul n'oubliera votre dévouement. 
D'où vous êtes, reposez en paix. 


samedi 28 avril 2012

Quelle intervention pour quel(s) risque(s)?

Nous voilà au beau milieu du premier grand week-end du mois de Mai.
Et, comme d'habitude, une information en a remplacée une autre. La police et ses demandes, ses inquiétudes, sont déjà loin, derrière le temps médiatique.
Avec l'avantage de redonner un peu de sérénité à l'instruction en cours. Sérénité nécessaire (j'insiste) à l'indépendance de toute justice.

Il n'en demeure pas moins certaines revendications qui se font jour, tout du moins au yeux du "grand public", à l'occasion de faits, souvent tragiques, tels que celui que nous venons de vivre.

Dans mon précédent billet, je m'étais volontairement arrêté au fait divers de Noisy et la manifestation qui s'en est suivie, sur les Champs-Elysées.
Le lendemain de la mise en examen de notre collègue, les candidats à la présidentielle ont reçu des collectifs ainsi que les principales organisations syndicales policières.
Est alors arrivée une demande, à l'initiative (corrigez-moi si je me trompe) du syndicat Alliance Police Nationale (second syndicat chez les gardiens de la Paix). Il est question de "présomption de légitime défense". Selon le secrétaire général du syndicat, Jean-Claude Delage, cette présomption consisterait à protéger le policier; le magistrat instructeur devant alors apporter, de son coté, que le policier a fauté dans son intervention. Cette proposition a été reprise par le candidat UMP, alors qu'il semblerait qu'elle figurât, initialement, dans le programme du Front-National. De son coté, il semblerait que le candidat socialiste sn'ai pas pris position en faveur d'une telle mesure.
Selon Maitre Eolas, dans son dernier billet, cette présomption ne passerait pas le Conseil Constitutionnel, puisque portant atteinte au principe d'Egalité des citoyens. De plus, toujours selon l'avocat, cette présomption ne changerait rien à la pratique procédurale, dans la mesure où rien n'empêcherait le magistrat de mettre en examen le policier, voir de demander son placement en détention provisoire. Je ne suis pas juriste à ce point pour savoir s'il a raison. Je fais simplement remarquer l'avis d'un juriste.
Pourtant, il y aurait tout de même, selon moi, certaines choses à changer.

Avant tout, les policiers devraient, dans de telles circonstances, être administrativement protégés, en conservant leur salaire; sans qu'il y ai une telle incertitude, comme cela a été le cas, pendant au moins trois/quatre jours, avant que le ministre n'intervienne positivement face à cette requête. Le temps de l'instruction, s'entend.
J'ajouterai, à titre personnel, que l'éventuel empêchement d'exercer la fonction de policier, que peut être amené à décider le magistrat, pourrait être "limité" aux fonctions de la police dite "active". C'est à dire tout le domaine susceptible de toucher au judiciaire. De sorte, toujours durant ce temps de l'instruction, le fonctionnaire pourrait être utilisé à un emploi administratif (ils ne manquent pas, dans la Police Nationale, voir l'administration).

J'y vois plusieurs avantages:

  • le fonctionnaire conserve un "emploi", ce qui lui évite d'être mis au ban de la société, renforçant de fait la présomption d'innocence
  • il ne reste pas chez lui à se ronger les sangs; quand bien même cela ne lui évitera pas de gamberger. Mais il aura au moins une "occupation"
  • cela contribue au fait que le salaire versé par l'administration viendra tout de même en rétribution d'un travail; il y a donc une certaine cohérence
Si cela pouvait se mettre en place, cela serait déjà un "acquis". Est-ce que cela suffira, je ne sais pas! 

Une chose est certaine. Je parcours, depuis hier, quelques sites dédiés aux policiers. Et il semblerait que certains mouvements se mettent en place, ici ou là. Ainsi, des collègues s'abstiendraient de prendre des initiatives, ne faisant que répondre aux "appels". Ainsi, plus d'interpellations de leur propre initiative, plus de contraventions... 
On pourrait en arriver à des situations selon lesquelles un policier voyant un malfaiteur prendre la fuite ne ferait rien d'autre que signaler son passage et direction de fuite; sans chercher à l’interpeller. Et ce pour éviter de prendre un quelconque risque. 
Je sais que cela peut paraître absurde à certains, pour ne pas dire autre chose! Mais si les policiers ne sentent pas qu'ils ont un minimum de protection, eu égard aux risques qu'ils prennent, eh bien ils feront ce qu'il faut pour travailler à hauteur de la protection qu'on leur donne. 

Je n'ai pas d'idée précise quant à ces mouvements; là encore, je suis partagé; entre raison et sentiment. La seule chose qui me vient à l’esprit: gare à la récupération, aux manipulations.

Encore une fois, le policiers ne demandent pas un permis de tuer. Loin de là. Mais qu'on prenne en compte le fait que, dans certaines situations délicates, tout va très vite. 
Lorsqu'un homme porte sur lui une arme, il faut bien avoir à l'esprit que celui-ci a choisi de prendre des risques. Et il le fait en toute connaissance de cause. Lorsque, à un moment donné, il braque son arme vers quelqu'un (policier ou non), il franchit un nouveau pas. Encore une fois, en connaissance de cause. En utilisant une arme, nouvelle escalade...
Le policier qui arrive sur cet entre-fait n'a, lui, pas choisi de faire prendre un risque à qui que ce soit. Il arrive, au contraire, pour faire cesser l'infraction, pour qu'il n'y ai plus de risque... pour personne. Et ce, au péril de sa vie, faut-il le rappeler! 
Et nous nous retrouvons dans un état de droit où, face à cela, dans une situation qui n'a durée que quelques secondes, parfois moins, c'est le policier que désigne, que l'on accuse d'être un criminel. Quand bien-même il a droit à la présomption d'innocence. 
Je pose une question simple: qui a voulu cette situation? Le policier ou l'homme armé? 
Ne faut-il pas faire la différence entre un coup de feu tiré sur un homme, au hasard, dans la rue, et une intervention de police sur un homme armé?

Alors oui, je l'avoue; je n'ai pas la solution idéale. Que faire? Quel texte, Je n'en sais rien. Peut-être n'y a-t-il, finalement, pas de solution. 

J'ai bien conscience que toute affaire fait quasi systématiquement l'objet d'une instruction; et que ces enquêtes, à charge et à décharge, sont susceptibles de donner lieu à un procès, où, non seulement, on va juger de la responsabilité de chacun, mais aussi jauger des circonstances qui, à coup sur, emporteront une condamnation plus ou moins lourde... voir pas de condamnation du tout! 

Enfin, doit-on juste se dire que, après tout, les policiers doivent être mieux "formé" pour faire face au risque? 

Pas sur que cela suffise! 

Bref, plein de questions... qui pour donner des réponses?

vendredi 27 avril 2012

Entre raison et sentiment

Voilà maintenant deux jours qu'un fait divers mettant en cause un policier est au devant de l'actualité. Ce n'est jamais très bon signe pour l'institution, mais c'est ainsi. Et, pour le coup, le fait qu'il surgisse en pleine campagne du second tour de l’élection présidentielle n'arrange rien.

Pour rappel, samedi dernier, la police est informée de la présence d'un individu recherché dans un quartier de Noisy le Sec. Quatre policiers arrivent sur place. Trois d'entre eux descendent à pied, et le conducteur reste à bord de son véhicule. C'est pourtant lui qui va se retrouver nez à nez avec l'individu recherché.
Une poursuite entre les deux hommes s'engage. Ce qui se passe exactement ne nous est pas connu, puisque nous n'étions pas sur place. Ni vous, lecteurs, ni moi-même, policier.
Pour autant, de ce que l'on sait, via la presse: l'individu était en possession d'une grenade et d'une arme de poing. Le grenade, on ne sait s'il l'a jetée en direction du policier, ou s'il s'en est débarrassée. Toujours est-il qu'il aurait menacé le policier avec son arme.
Par ailleurs, d'autres choses sont certaines: l'individu recherché a été condamné pour braquage (s?) et n'a pas réintégré la maison d'arrêt de Chateaudun... depuis 2010.
Une chose est claire: l'homme initialement recherché est mort par balle. Le policier en a tiré quatre. L'autopsie aurait révélée un orifice d'entrée dans le dos. Fonction des sources, il s'agit d'un orifice horizontal, ou un ricochet, selon l'avocat du policier.

Comme cela arrive, et c'est bien normal, immédiatement après les faits, l'enquête a été confiée à l'IGS, sous la conduite du Parquet de Bobigny. Et le policier qui a fait usage de son arme, a été placé en garde à vue.
Le Parquet a ensuite demandé à ce que soit déféré le policier; par le biais d'un réquisitoire introductif, il a ouvert une information et demandé la mise en examen du policier pour "violences volontaires ayant entraînées la mort sans intention de la donner". Le Juge d'Instruction désigné est allé plus loin et mis en examen le policier des chefs d'Homicide Volontaire, avant de le placer sous contrôle judiciaire.

Une fois la décision rendue publique, de nombreux policiers se sont réunis à Saint-Denis, puis ont décidé de faire mouvement vers le Ministère de l’intérieur. Ce sont donc environ cinquante véhicules de police (sérigraphiés et banalisés) qui se sont retrouvé sur les Champs Elysées, bloqués dans leur progression par les Gendarmes Mobiles.
Il semblerait, selon le journal "Libération" que cette manifestation spontanée se soit déroulée à l'appel de certains syndicats, et que, selon "Europe 1", le policier en question serait délégué du syndicat majoritaire chez les policiers, Unité SGP Police.

Et nous voilà dans une énième confrontation policiers/magistrats. Le tout, alimenté par certains politiques.
Les premiers dénonçant la qualification retenue par le magistrat instructeur, et les second la remise en question, par les premiers, d'une décision de justice.
Alors oui, c'est vrai, c'est la deuxième fois que les policiers manifestent, remettant en cause une décision de justice (2010).

Et je me retrouve, là, en étant très partagé. Vraiment.

Pour le cours de droit, je vous renvoie au billet d'Eolas, plus prompte que moi à la réaction.
Et, pour mémoire, je vous renvoie aussi à un billet que j'avais publié voilà quelques temps, ici, sur le thème de la légitime défense des policiers.

Je le disais, je suis partagé. Oui, je comprend, et je bois les paroles de @DeCleec, je cite (avec son autorisation):
Sur la critique : non seulement on a le droit d'être en désaccord avec une décision de justice, mais on a même le droit de le dire, de le chanter sur tous les tons, d'en faire des alexandrins ou des billets de blog. ;) Ce qui est inacceptable est de le faire en abusant de sa qualité de fonctionnaire pour faire pression en masse sur un juge (tout simplement parce que ça porte atteinte à l'indépendance de la justice) En quoi l'exaspération joue la pertinence d'une qualification pénale ? Comme tous les professionnels qui rencontrent des difficultés, c'est le job des syndicats de faire remonter les problèmes à leurs responsables. Sur les conditions de travail, (...)  je conviens tout à fait que c'est chaud. Mais ça n'a aucun rapport avec le choix d'une qualification.  Et on ne peut pas violer la loi en raison de ses sentiments (ce que tout en monde se tue à expliquer aux délinquants à longueur de temps). Il (...faire pression sur un juge) n'est pas acceptable et encore moins de la part de policiers qui sont chargés de faire respecter la loi (et sont des gens qui savent se maîtriser mieux que n'importe quel quidam). J'observe d'ailleurs que beaucoup de policiers sont bien conscients que la justice doit être indépendante et désapprouve ces méthodes, donc pas de généralisation de toute façon. Et, encore une fois, je ne dis pas que la décision est bonne (je n'en sais rien je le répète) mais que les pressions illicites ne sont pas de mises dans un État de droit.... Et la présomption d'innocence figure parmi ces principes protecteurs,de même que l'indépendance des juges. Et je trouve grave de porter atteinte à l'un comme à l'autre de ces principes.

Voilà qui est dit; et ces propos sont extraits de l'échange que nous avons eu tous deux ces dernières heures.
Voilà donc ce qui résume assez bien le sentiment des juristes que je croise, notamment sur Twitter.

Avant tout, il faut bien distinguer deux problématiques différentes:

  • les faits en eux-même, qui ont conduit au décès d'un homme, entraînant la mise en examen d'un policier.
  • la résultante, les manifestations de policiers. 

Tout d'abord, une précision: j'ai pu lire une réaction au fait-divers en lui-même, qui m'a choquée: le fait qu'un policier soit à l'origine du décès de cet homme serait la résultante de la politique de Nicolas Sarkozy; sous-entendu que les policiers se sentiraient impunis parce que se trouvant sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, Président de la République, ou Ministre de l’Intérieur. Et c'est donc cette impunité qui conduirait les policiers à faire feu plus facilement. Que penser de ce genre de réaction? Que c'est de la politique poubelle. Justement ce que la majorité des électeurs ne veulent plus. Je précise que, en courant derrière un malfaiteur recherché, le policier ne se demande pas s'il sera plus ou moins puni, fonction de la personne au pouvoir! Stupide. On ne peut pas non plus relier cet incident à la politique du chiffre, ni même la RGPP et donc au manque d'effectifs. Il pourrait y avoir dix mille policiers de plus; le jour où l'on se retrouve face à un homme armé, fonction de la situation, il y a une décision à prendre. Bref, il faut que cela soit clair, le fais divers n'a rien à voir avec de la politique. Laissons-le, aussi gravissime soit-il, à l'état de fait divers. Et n'en tirons pas des conclusions politiques. Après, que chacun des candidats à la présidentielle s'exprime sur le sujet parait inévitable et ne pose aucun problème.


Acte I: 
Le fait divers: la mort d'un homme, recherché, sous les coups de feu d'un policier

Il serait bon que certains "observateurs" prennent un peu de recul. Nul ne sait comment il réagirait, placé dans la même situation. Il y a très peu de personnes qui savent vraiment ce qui s'est passé. Le policier, et, peut-être des témoins. Donc, prudence dans les jugements hâtifs des observateurs.
A cela, j'ajoute que la Seine Saint-Denis est un département particulier; le travail y est encore plus difficile qu'ailleurs. Où pas une intervention n'est banale. Pas une qui n'est pas susceptible de finir en pugilat. Et parfois même sans qu'il n'y ait besoin d'une intervention!
Il faut ensuite comprendre une autre chose: il n'existe aucun autre métier, en dehors des policiers/gendarmes/douaniers, où, pour faire son métier, et défendre la société, un homme risque d'aller en prison. Oui, des policiers, mauvais, il y en a. Mais on ne peut pas mettre dans le même sac celui qui a volé, ou frappé indûment et le policier qui agit ou réagit "en intervention", devant prendre une décision, qui tient plus du réflexe qu'une pure réflexion juridique. Alors oui, bien sur, ce réflexe est conditionné par la formation et l’expérience. Mais surtout l'instinct de survie. Et lorsque l'on se retrouve en pareille situation, c'est bien un effet tunnel, qui absorbe le mental.
Donc, attention aux conclusions hâtives. Je rappelle juste que la personne en face n'était pas non plus un voleur de bonbons, mais bien un délinquant "professionnel"; et c'est un paramètre à prendre en compte également. D'ailleurs, à ce titre,  Le parisien nous en dit un peu plus sur l'homme en question et son passé. Et je vous invite à lire les commentaires à l'article, qui, je l'avoue, m'ont sidéré.
Mais, attention: rien n'autorise de tuer quelqu'un froidement sous le seul prétexte qu'il s'agit d'un délinquant. C'est quelque chose qui est très clair. Il ne s'agit donc pas de trouver une excuse.
Il faut juste avoir tous les paramètres en sa possession pour se rapprocher au plus juste de la situation.

Acte II:
Les manifestations de policiers

Avant toute chose, il ne faut pas voir dans l'attitude des policiers qui ont manifesté une envie d'impunité, ce n'est absolument pas le cas. Ils ne demandent qu'à être "compris", et c'est bien ce sentiment qui les a fait manifester. Ces policiers ont, avant tout, voulu faire preuve de soutien vis à vis d'un collègue. Parce qu'ils savent que demain, dans deux jours, un mois, ils peuvent être exactement dans la même situation que lui, que ça peut leur arriver également. Et que, sur une intervention, ils peuvent perdre, sans même parler de leur travail, ou de prison, tout moyen de subsistance pour leur famille. Et cela n'est pas acceptable.
Ces policiers ont donc fait part de leur incompréhension; non pas du fait que le policier soit mis en examen, cela paraissait inévitable. Mais plus au regard de l'infraction retenue, l'homicide volontaire, qui parait effroyablement dure. En effet, par cette qualification, on imagine que le policier a volontairement tué l'homme qui lui faisait face, et que ce n'était pas juste pour se défendre. Qu'il a donc VOULU, délibérément, le tuer.
Les policiers auraient plus admis qu'on se demande si le policier avait pu tirer des coups de feu ayant conduit au décès de la personne, sans qu'il l'ai souhaité. Ce qui correspondait aux réquisitions initiales du Parquet. Renseignements pris auprès d'un parquetier (merci @Proc_Gascogne), il semblerait que la Cour de Cassation demande au Juge d'Instruction de "donner aux faits la plus haute qualification possible". Il semblerait qu'il soit plus aisé juridiquement, à un Juge d'Instruction d'abaisser, au cours de ses recherches, la mise en examen que l'inverse.
La deuxième chose qui a conduit les policiers à manifester, relève du ras le bol. L'impression de n'être écouté et surtout entendu, par personne, voir, parfois d'être des cibles plus qu'autre chose. Et ça, oui, cela relève plus de la politique. Ajoutez à cela des problèmes récurrents sur ce département de Seine Saint-Denis, où semble règner, pour le moins, une forme d'incompréhension. Certains, comme Bruno Beschizza, ancien syndicaliste policier, désormais élu UMP, parlant de "la culture de l’excuse envers les voyous".
Les policiers ont tout particulièrement l'impression d'y être jugés plus sévèrement que les délinquants; au-delà même de l'aggravation pénale liée à leur fonction. Est-ce une réalité?
Le problème n'est-il pas bien plus profond s'agissant d'un département bien plus criminogène qu'un autre? Pour résumer, prenez un vol à main armée jugé à Bobigny, et, exactement le même au fin fond du Larzac. Dans le second cas, la peine prononcée sera bien plus importante que dans le premier. Et cela découle du fait que, nombre d'infractions deviennent presque banales, et perdent ainsi de leur importance, noyées dans la masse.

Mais je m'égare...

Tout ça pour dire que, au delà même de la manifestation, toute aussi illégale qu'elle soit (je rappelle qu'il n'y a eu aucun incident, et aucun préjudice, pour personne), il y a quelque chose à comprendre... Il peut y avoir des principes importants de droit, de tout ce que l'on veut... Il y a, derrière, la réalité et des hommes qui, finalement, ont peur. Peur pour leur famille, parfois leur vie, alors qu'ils travaillent au service des autres, avec des bouts de ficelle...

Enfin, selon moi, cette manifestation aura eu au moins un mérite, et non le moindre: notre collègue se voit maintenir son salaire, durant l'instruction. Ce qui n'était pas forcément évident avant.
Mais, @titetinotino (j'en profite pour glisser l'adresse de son blog, ici) a raison: il ne faudrait pas que ces manifestations deviennent habitude.
Manifester son exaspération "à chaud" de manière exceptionnelle est une chose que je peux concevoir (même avec des réserves). En faire quelque chose d'habituel lui fait perdre tout son sens et la crédibilité liée au message que l'on veut faire passer.
Mais parfois, raison et sentiments se mélangent...

Pour conclure, je retranscris ici une nuance qui m’apparaît importante, et qui m'a été soufflée par un twittos:

"La réaction de manifester des policiers était illégale. Etait-elle, pour autant, illégitime?"