samedi 28 avril 2012

Quelle intervention pour quel(s) risque(s)?

Nous voilà au beau milieu du premier grand week-end du mois de Mai.
Et, comme d'habitude, une information en a remplacée une autre. La police et ses demandes, ses inquiétudes, sont déjà loin, derrière le temps médiatique.
Avec l'avantage de redonner un peu de sérénité à l'instruction en cours. Sérénité nécessaire (j'insiste) à l'indépendance de toute justice.

Il n'en demeure pas moins certaines revendications qui se font jour, tout du moins au yeux du "grand public", à l'occasion de faits, souvent tragiques, tels que celui que nous venons de vivre.

Dans mon précédent billet, je m'étais volontairement arrêté au fait divers de Noisy et la manifestation qui s'en est suivie, sur les Champs-Elysées.
Le lendemain de la mise en examen de notre collègue, les candidats à la présidentielle ont reçu des collectifs ainsi que les principales organisations syndicales policières.
Est alors arrivée une demande, à l'initiative (corrigez-moi si je me trompe) du syndicat Alliance Police Nationale (second syndicat chez les gardiens de la Paix). Il est question de "présomption de légitime défense". Selon le secrétaire général du syndicat, Jean-Claude Delage, cette présomption consisterait à protéger le policier; le magistrat instructeur devant alors apporter, de son coté, que le policier a fauté dans son intervention. Cette proposition a été reprise par le candidat UMP, alors qu'il semblerait qu'elle figurât, initialement, dans le programme du Front-National. De son coté, il semblerait que le candidat socialiste sn'ai pas pris position en faveur d'une telle mesure.
Selon Maitre Eolas, dans son dernier billet, cette présomption ne passerait pas le Conseil Constitutionnel, puisque portant atteinte au principe d'Egalité des citoyens. De plus, toujours selon l'avocat, cette présomption ne changerait rien à la pratique procédurale, dans la mesure où rien n'empêcherait le magistrat de mettre en examen le policier, voir de demander son placement en détention provisoire. Je ne suis pas juriste à ce point pour savoir s'il a raison. Je fais simplement remarquer l'avis d'un juriste.
Pourtant, il y aurait tout de même, selon moi, certaines choses à changer.

Avant tout, les policiers devraient, dans de telles circonstances, être administrativement protégés, en conservant leur salaire; sans qu'il y ai une telle incertitude, comme cela a été le cas, pendant au moins trois/quatre jours, avant que le ministre n'intervienne positivement face à cette requête. Le temps de l'instruction, s'entend.
J'ajouterai, à titre personnel, que l'éventuel empêchement d'exercer la fonction de policier, que peut être amené à décider le magistrat, pourrait être "limité" aux fonctions de la police dite "active". C'est à dire tout le domaine susceptible de toucher au judiciaire. De sorte, toujours durant ce temps de l'instruction, le fonctionnaire pourrait être utilisé à un emploi administratif (ils ne manquent pas, dans la Police Nationale, voir l'administration).

J'y vois plusieurs avantages:

  • le fonctionnaire conserve un "emploi", ce qui lui évite d'être mis au ban de la société, renforçant de fait la présomption d'innocence
  • il ne reste pas chez lui à se ronger les sangs; quand bien même cela ne lui évitera pas de gamberger. Mais il aura au moins une "occupation"
  • cela contribue au fait que le salaire versé par l'administration viendra tout de même en rétribution d'un travail; il y a donc une certaine cohérence
Si cela pouvait se mettre en place, cela serait déjà un "acquis". Est-ce que cela suffira, je ne sais pas! 

Une chose est certaine. Je parcours, depuis hier, quelques sites dédiés aux policiers. Et il semblerait que certains mouvements se mettent en place, ici ou là. Ainsi, des collègues s'abstiendraient de prendre des initiatives, ne faisant que répondre aux "appels". Ainsi, plus d'interpellations de leur propre initiative, plus de contraventions... 
On pourrait en arriver à des situations selon lesquelles un policier voyant un malfaiteur prendre la fuite ne ferait rien d'autre que signaler son passage et direction de fuite; sans chercher à l’interpeller. Et ce pour éviter de prendre un quelconque risque. 
Je sais que cela peut paraître absurde à certains, pour ne pas dire autre chose! Mais si les policiers ne sentent pas qu'ils ont un minimum de protection, eu égard aux risques qu'ils prennent, eh bien ils feront ce qu'il faut pour travailler à hauteur de la protection qu'on leur donne. 

Je n'ai pas d'idée précise quant à ces mouvements; là encore, je suis partagé; entre raison et sentiment. La seule chose qui me vient à l’esprit: gare à la récupération, aux manipulations.

Encore une fois, le policiers ne demandent pas un permis de tuer. Loin de là. Mais qu'on prenne en compte le fait que, dans certaines situations délicates, tout va très vite. 
Lorsqu'un homme porte sur lui une arme, il faut bien avoir à l'esprit que celui-ci a choisi de prendre des risques. Et il le fait en toute connaissance de cause. Lorsque, à un moment donné, il braque son arme vers quelqu'un (policier ou non), il franchit un nouveau pas. Encore une fois, en connaissance de cause. En utilisant une arme, nouvelle escalade...
Le policier qui arrive sur cet entre-fait n'a, lui, pas choisi de faire prendre un risque à qui que ce soit. Il arrive, au contraire, pour faire cesser l'infraction, pour qu'il n'y ai plus de risque... pour personne. Et ce, au péril de sa vie, faut-il le rappeler! 
Et nous nous retrouvons dans un état de droit où, face à cela, dans une situation qui n'a durée que quelques secondes, parfois moins, c'est le policier que désigne, que l'on accuse d'être un criminel. Quand bien-même il a droit à la présomption d'innocence. 
Je pose une question simple: qui a voulu cette situation? Le policier ou l'homme armé? 
Ne faut-il pas faire la différence entre un coup de feu tiré sur un homme, au hasard, dans la rue, et une intervention de police sur un homme armé?

Alors oui, je l'avoue; je n'ai pas la solution idéale. Que faire? Quel texte, Je n'en sais rien. Peut-être n'y a-t-il, finalement, pas de solution. 

J'ai bien conscience que toute affaire fait quasi systématiquement l'objet d'une instruction; et que ces enquêtes, à charge et à décharge, sont susceptibles de donner lieu à un procès, où, non seulement, on va juger de la responsabilité de chacun, mais aussi jauger des circonstances qui, à coup sur, emporteront une condamnation plus ou moins lourde... voir pas de condamnation du tout! 

Enfin, doit-on juste se dire que, après tout, les policiers doivent être mieux "formé" pour faire face au risque? 

Pas sur que cela suffise! 

Bref, plein de questions... qui pour donner des réponses?

vendredi 27 avril 2012

Entre raison et sentiment

Voilà maintenant deux jours qu'un fait divers mettant en cause un policier est au devant de l'actualité. Ce n'est jamais très bon signe pour l'institution, mais c'est ainsi. Et, pour le coup, le fait qu'il surgisse en pleine campagne du second tour de l’élection présidentielle n'arrange rien.

Pour rappel, samedi dernier, la police est informée de la présence d'un individu recherché dans un quartier de Noisy le Sec. Quatre policiers arrivent sur place. Trois d'entre eux descendent à pied, et le conducteur reste à bord de son véhicule. C'est pourtant lui qui va se retrouver nez à nez avec l'individu recherché.
Une poursuite entre les deux hommes s'engage. Ce qui se passe exactement ne nous est pas connu, puisque nous n'étions pas sur place. Ni vous, lecteurs, ni moi-même, policier.
Pour autant, de ce que l'on sait, via la presse: l'individu était en possession d'une grenade et d'une arme de poing. Le grenade, on ne sait s'il l'a jetée en direction du policier, ou s'il s'en est débarrassée. Toujours est-il qu'il aurait menacé le policier avec son arme.
Par ailleurs, d'autres choses sont certaines: l'individu recherché a été condamné pour braquage (s?) et n'a pas réintégré la maison d'arrêt de Chateaudun... depuis 2010.
Une chose est claire: l'homme initialement recherché est mort par balle. Le policier en a tiré quatre. L'autopsie aurait révélée un orifice d'entrée dans le dos. Fonction des sources, il s'agit d'un orifice horizontal, ou un ricochet, selon l'avocat du policier.

Comme cela arrive, et c'est bien normal, immédiatement après les faits, l'enquête a été confiée à l'IGS, sous la conduite du Parquet de Bobigny. Et le policier qui a fait usage de son arme, a été placé en garde à vue.
Le Parquet a ensuite demandé à ce que soit déféré le policier; par le biais d'un réquisitoire introductif, il a ouvert une information et demandé la mise en examen du policier pour "violences volontaires ayant entraînées la mort sans intention de la donner". Le Juge d'Instruction désigné est allé plus loin et mis en examen le policier des chefs d'Homicide Volontaire, avant de le placer sous contrôle judiciaire.

Une fois la décision rendue publique, de nombreux policiers se sont réunis à Saint-Denis, puis ont décidé de faire mouvement vers le Ministère de l’intérieur. Ce sont donc environ cinquante véhicules de police (sérigraphiés et banalisés) qui se sont retrouvé sur les Champs Elysées, bloqués dans leur progression par les Gendarmes Mobiles.
Il semblerait, selon le journal "Libération" que cette manifestation spontanée se soit déroulée à l'appel de certains syndicats, et que, selon "Europe 1", le policier en question serait délégué du syndicat majoritaire chez les policiers, Unité SGP Police.

Et nous voilà dans une énième confrontation policiers/magistrats. Le tout, alimenté par certains politiques.
Les premiers dénonçant la qualification retenue par le magistrat instructeur, et les second la remise en question, par les premiers, d'une décision de justice.
Alors oui, c'est vrai, c'est la deuxième fois que les policiers manifestent, remettant en cause une décision de justice (2010).

Et je me retrouve, là, en étant très partagé. Vraiment.

Pour le cours de droit, je vous renvoie au billet d'Eolas, plus prompte que moi à la réaction.
Et, pour mémoire, je vous renvoie aussi à un billet que j'avais publié voilà quelques temps, ici, sur le thème de la légitime défense des policiers.

Je le disais, je suis partagé. Oui, je comprend, et je bois les paroles de @DeCleec, je cite (avec son autorisation):
Sur la critique : non seulement on a le droit d'être en désaccord avec une décision de justice, mais on a même le droit de le dire, de le chanter sur tous les tons, d'en faire des alexandrins ou des billets de blog. ;) Ce qui est inacceptable est de le faire en abusant de sa qualité de fonctionnaire pour faire pression en masse sur un juge (tout simplement parce que ça porte atteinte à l'indépendance de la justice) En quoi l'exaspération joue la pertinence d'une qualification pénale ? Comme tous les professionnels qui rencontrent des difficultés, c'est le job des syndicats de faire remonter les problèmes à leurs responsables. Sur les conditions de travail, (...)  je conviens tout à fait que c'est chaud. Mais ça n'a aucun rapport avec le choix d'une qualification.  Et on ne peut pas violer la loi en raison de ses sentiments (ce que tout en monde se tue à expliquer aux délinquants à longueur de temps). Il (...faire pression sur un juge) n'est pas acceptable et encore moins de la part de policiers qui sont chargés de faire respecter la loi (et sont des gens qui savent se maîtriser mieux que n'importe quel quidam). J'observe d'ailleurs que beaucoup de policiers sont bien conscients que la justice doit être indépendante et désapprouve ces méthodes, donc pas de généralisation de toute façon. Et, encore une fois, je ne dis pas que la décision est bonne (je n'en sais rien je le répète) mais que les pressions illicites ne sont pas de mises dans un État de droit.... Et la présomption d'innocence figure parmi ces principes protecteurs,de même que l'indépendance des juges. Et je trouve grave de porter atteinte à l'un comme à l'autre de ces principes.

Voilà qui est dit; et ces propos sont extraits de l'échange que nous avons eu tous deux ces dernières heures.
Voilà donc ce qui résume assez bien le sentiment des juristes que je croise, notamment sur Twitter.

Avant tout, il faut bien distinguer deux problématiques différentes:

  • les faits en eux-même, qui ont conduit au décès d'un homme, entraînant la mise en examen d'un policier.
  • la résultante, les manifestations de policiers. 

Tout d'abord, une précision: j'ai pu lire une réaction au fait-divers en lui-même, qui m'a choquée: le fait qu'un policier soit à l'origine du décès de cet homme serait la résultante de la politique de Nicolas Sarkozy; sous-entendu que les policiers se sentiraient impunis parce que se trouvant sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, Président de la République, ou Ministre de l’Intérieur. Et c'est donc cette impunité qui conduirait les policiers à faire feu plus facilement. Que penser de ce genre de réaction? Que c'est de la politique poubelle. Justement ce que la majorité des électeurs ne veulent plus. Je précise que, en courant derrière un malfaiteur recherché, le policier ne se demande pas s'il sera plus ou moins puni, fonction de la personne au pouvoir! Stupide. On ne peut pas non plus relier cet incident à la politique du chiffre, ni même la RGPP et donc au manque d'effectifs. Il pourrait y avoir dix mille policiers de plus; le jour où l'on se retrouve face à un homme armé, fonction de la situation, il y a une décision à prendre. Bref, il faut que cela soit clair, le fais divers n'a rien à voir avec de la politique. Laissons-le, aussi gravissime soit-il, à l'état de fait divers. Et n'en tirons pas des conclusions politiques. Après, que chacun des candidats à la présidentielle s'exprime sur le sujet parait inévitable et ne pose aucun problème.


Acte I: 
Le fait divers: la mort d'un homme, recherché, sous les coups de feu d'un policier

Il serait bon que certains "observateurs" prennent un peu de recul. Nul ne sait comment il réagirait, placé dans la même situation. Il y a très peu de personnes qui savent vraiment ce qui s'est passé. Le policier, et, peut-être des témoins. Donc, prudence dans les jugements hâtifs des observateurs.
A cela, j'ajoute que la Seine Saint-Denis est un département particulier; le travail y est encore plus difficile qu'ailleurs. Où pas une intervention n'est banale. Pas une qui n'est pas susceptible de finir en pugilat. Et parfois même sans qu'il n'y ait besoin d'une intervention!
Il faut ensuite comprendre une autre chose: il n'existe aucun autre métier, en dehors des policiers/gendarmes/douaniers, où, pour faire son métier, et défendre la société, un homme risque d'aller en prison. Oui, des policiers, mauvais, il y en a. Mais on ne peut pas mettre dans le même sac celui qui a volé, ou frappé indûment et le policier qui agit ou réagit "en intervention", devant prendre une décision, qui tient plus du réflexe qu'une pure réflexion juridique. Alors oui, bien sur, ce réflexe est conditionné par la formation et l’expérience. Mais surtout l'instinct de survie. Et lorsque l'on se retrouve en pareille situation, c'est bien un effet tunnel, qui absorbe le mental.
Donc, attention aux conclusions hâtives. Je rappelle juste que la personne en face n'était pas non plus un voleur de bonbons, mais bien un délinquant "professionnel"; et c'est un paramètre à prendre en compte également. D'ailleurs, à ce titre,  Le parisien nous en dit un peu plus sur l'homme en question et son passé. Et je vous invite à lire les commentaires à l'article, qui, je l'avoue, m'ont sidéré.
Mais, attention: rien n'autorise de tuer quelqu'un froidement sous le seul prétexte qu'il s'agit d'un délinquant. C'est quelque chose qui est très clair. Il ne s'agit donc pas de trouver une excuse.
Il faut juste avoir tous les paramètres en sa possession pour se rapprocher au plus juste de la situation.

Acte II:
Les manifestations de policiers

Avant toute chose, il ne faut pas voir dans l'attitude des policiers qui ont manifesté une envie d'impunité, ce n'est absolument pas le cas. Ils ne demandent qu'à être "compris", et c'est bien ce sentiment qui les a fait manifester. Ces policiers ont, avant tout, voulu faire preuve de soutien vis à vis d'un collègue. Parce qu'ils savent que demain, dans deux jours, un mois, ils peuvent être exactement dans la même situation que lui, que ça peut leur arriver également. Et que, sur une intervention, ils peuvent perdre, sans même parler de leur travail, ou de prison, tout moyen de subsistance pour leur famille. Et cela n'est pas acceptable.
Ces policiers ont donc fait part de leur incompréhension; non pas du fait que le policier soit mis en examen, cela paraissait inévitable. Mais plus au regard de l'infraction retenue, l'homicide volontaire, qui parait effroyablement dure. En effet, par cette qualification, on imagine que le policier a volontairement tué l'homme qui lui faisait face, et que ce n'était pas juste pour se défendre. Qu'il a donc VOULU, délibérément, le tuer.
Les policiers auraient plus admis qu'on se demande si le policier avait pu tirer des coups de feu ayant conduit au décès de la personne, sans qu'il l'ai souhaité. Ce qui correspondait aux réquisitions initiales du Parquet. Renseignements pris auprès d'un parquetier (merci @Proc_Gascogne), il semblerait que la Cour de Cassation demande au Juge d'Instruction de "donner aux faits la plus haute qualification possible". Il semblerait qu'il soit plus aisé juridiquement, à un Juge d'Instruction d'abaisser, au cours de ses recherches, la mise en examen que l'inverse.
La deuxième chose qui a conduit les policiers à manifester, relève du ras le bol. L'impression de n'être écouté et surtout entendu, par personne, voir, parfois d'être des cibles plus qu'autre chose. Et ça, oui, cela relève plus de la politique. Ajoutez à cela des problèmes récurrents sur ce département de Seine Saint-Denis, où semble règner, pour le moins, une forme d'incompréhension. Certains, comme Bruno Beschizza, ancien syndicaliste policier, désormais élu UMP, parlant de "la culture de l’excuse envers les voyous".
Les policiers ont tout particulièrement l'impression d'y être jugés plus sévèrement que les délinquants; au-delà même de l'aggravation pénale liée à leur fonction. Est-ce une réalité?
Le problème n'est-il pas bien plus profond s'agissant d'un département bien plus criminogène qu'un autre? Pour résumer, prenez un vol à main armée jugé à Bobigny, et, exactement le même au fin fond du Larzac. Dans le second cas, la peine prononcée sera bien plus importante que dans le premier. Et cela découle du fait que, nombre d'infractions deviennent presque banales, et perdent ainsi de leur importance, noyées dans la masse.

Mais je m'égare...

Tout ça pour dire que, au delà même de la manifestation, toute aussi illégale qu'elle soit (je rappelle qu'il n'y a eu aucun incident, et aucun préjudice, pour personne), il y a quelque chose à comprendre... Il peut y avoir des principes importants de droit, de tout ce que l'on veut... Il y a, derrière, la réalité et des hommes qui, finalement, ont peur. Peur pour leur famille, parfois leur vie, alors qu'ils travaillent au service des autres, avec des bouts de ficelle...

Enfin, selon moi, cette manifestation aura eu au moins un mérite, et non le moindre: notre collègue se voit maintenir son salaire, durant l'instruction. Ce qui n'était pas forcément évident avant.
Mais, @titetinotino (j'en profite pour glisser l'adresse de son blog, ici) a raison: il ne faudrait pas que ces manifestations deviennent habitude.
Manifester son exaspération "à chaud" de manière exceptionnelle est une chose que je peux concevoir (même avec des réserves). En faire quelque chose d'habituel lui fait perdre tout son sens et la crédibilité liée au message que l'on veut faire passer.
Mais parfois, raison et sentiments se mélangent...

Pour conclure, je retranscris ici une nuance qui m’apparaît importante, et qui m'a été soufflée par un twittos:

"La réaction de manifester des policiers était illégale. Etait-elle, pour autant, illégitime?"







mardi 17 avril 2012

Finalement, je voterai pour...

Une fois n’est pas coutume, mon billet n’aura pas trait, uniquement, à la police.

Nous voilà arrivé à quelques jours de l’élection présidentielle. Depuis le temps qu’on en parle ; depuis le temps que cette campagne est lancée… De mon point de vue, c’est le cas depuis que le Parti Socialiste a engagé ses primaires, depuis que DSK s’est auto-dissout.
En 2007, je ne m’en cache pas (il n’y a pas de quoi, en fait), j’étais derrière Nicolas Sarkozy. Il représentait, pour moi, le changement. Après ce que je considérai comme plusieurs années d’immobilisme, avec Jacques Chirac, je voyais en lui la volonté, l’énergie pour que les choses changent. Je suis de ceux qui pensent que, dans notre societé française, il faut changer les choses en profondeur. Donc, prendre des décisions. Bref, qu’il faut réformer. Mais pas par petites touches successives. Non, de vraies réformes. Quitte, parfois, à se tromper, mais au moins, essayer des choses nouvelles.
Cinq années plus tard, qu’en reste-t-il ? Je reste persuadé que Nicolas Sarkozy a cette capacité, cette énergie, à bouger les lignes. En a-t-il encore la volonté ? La possibilité ? C’est moins sur.

Pour qui est-ce que je ne voterai pas ?

Avant tout, pour les extrêmes ; ce genre de vote n’a jamais rien apporté à la démocratie, si ce n’est, à minima, des tensions. Exit, donc, les Mélenchon, Le Pen, et autres candidats qui n’ont pour seul mérite que d’avoir déjà obtenu leurs 500 signatures. Eva Joly ? Pas crédible ; cet espèce de pré-contrat signé avec le PS ne me renvoie, comme image de cette écologie-là que celle d’un simulacre. François Hollande l’a déjà dit ; il ne se sent pas tenu par ces obligations. Pourquoi avoir signé ce papier, alors ? Et pourquoi, alors, présenter un candidat si déjà, le parti qu’il est censé représenter est déjà tourné vers le deuxième tour ? L’écologie est, d’après moi, essentielle dans notre société. Chaque décision prise par le pouvoir politique doit avoir une dimension écologique. Et ce n’est malheureusement le cas chez personne.
Je ne voterai pas non plus François Hollande. Il me semble que l’Etat, aujourd’hui, doit faire des économies. Lui, fait l’inverse. Le meilleur exemple, à mes yeux, reste l’ensemble des collectivités territoriales dirigées, pour la plupart, par des socialistes. Alors que l’Etat, via les administrations centrales, tente de faire des économies, notamment en réduisant le nombre de fonctionnaires, les collectivités territoriales, elles, embauchent à tour de bras. Alors oui, elles vont nous dire que c’est pour compenser la décentralisation qu’ont imposés les gouvernements de droite. Certainement y a-t-il une part de vrai. Mais certainement pas à hauteur de ce qui a été fait.
Pour finir, je ne voterai pas non plus Nicolas Sarkozy. Je le répète, j’étais un fervent supporter du candidat de 2007 ; je me suis même retrouvé place de la Concorde, au soir du 2ème tour. Et je fais partie des déçus de 2012. Pour quelle raison ?  Il a manqué quelque chose qui était, pour moi, fondamental : une de ses promesses de 2007 avait retenue toute mon attention « la République irréprochable ». Finies, les nominations des copains, place au mérite. Finies les affaires politico-financières, finies les affaires en tous genres, tout devient transparent… Et puis, finalement… ben non. Rien n’est fini. Qu’il est loin, ce slogan. Oh, je ne dis pas que untel a trempé dans telle magouille. Pour l’instant, nous n’en savons rien. Certainement que la justice tranchera…. Certainement. Encore que, lorsque je vois le procès des emplois fictifs de la mairie de Paris… bref.
Je ne m’en prends pas au bilan économique de l’exercice 2007/2012. Je pense que le pouvoir politique dans son ensemble n’a eu que peu de marge de manœuvre, avec les crises financières successives et que, dans ce contexte, au niveau international, Nicolas Sarkozy s’en est plutôt bien sorti. N’étant pas économiste, c’est en tous les cas l’impression que j’ai.
Simplement un mot sur ce que l’on a appelé le paquet fiscal. Il fait partie des réformes engagées par Nicolas Sarkozy. Le seul reproche que je puis lui faire à ce sujet, c’est de ne pas être revenu dessus plus tôt. Pour le reste, il a essayé quelque chose. Cela n’a pas fonctionné. En tous les cas, pas aussi bien qu’il ne le pensait. J’ai dans l’idée que la non imposition des heures supplémentaires pouvait être une bonne chose, tout comme était révisé l’impôt sur la succession, faisant en sorte qu’on ne paye pas une taxe sur un l’héritage de l’habitation principale d’un parent. Dans une certaine mesure en tous les cas. Cette disposition me semblait assez juste.
Pour autant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Certaines réformes qu’il a faites étaient nécessaires. Je pense à la réforme des retraites, que nombre de gouvernements se sont refusés à faire, tant ce n’était pas populaire. Je pense encore au service minimum, dans certains secteurs d’activités comme les transports publics. D’autres réformes ont témoigné d’une recherche, au moins, d’équilibre dans la démocratie ; je pense notamment à la nomination d’un parlementaire de l’opposition à la commission des finances. Ou encore le fait que la Cour des comptes puisse mettre son nez dans les dépenses de l’Elysée.

La sécurité ?

Je ne peux arrêter un choix par le fait du programme relatif à la sécurité. Ce débat est totalement absent de la campagne.
Pour autant, les socialistes parlent de nous ramener la « police de proximité » ; certes, avec une nouvelle appellation. Mais, à défaut de moyens, elle connaitra le même résultat que la précédente. A cela, penser qu’on va faire du social au milieu de certaines cités sensibles avec 2 îlotiers est juste risible ; et témoigne d’un angélisme à toute épreuve, voir d’une naïveté difficilement compréhensible.
Pour autant, dans ce domaine, le bilan de la droite n’est pas forcément flatteur. Je ne parlerai même pas des chiffres, tant on leur fait dire à peu près ce que l’on veut, fonction du message qu’on veut faire passer. Mais il est un fait : on a trop mis en avant la quantité par rapport à la qualité. Et c’est, selon moi, une grave erreur. On a fait de la garde à vue un instrument statistique. Eh bien cet instrument s’est retourné contre celui qui l’a mis en place. Et bien que Nicolas Sarkozy s’approprie cette réforme de la garde à vue (que je n’ai, évidement, pas appréciée, loin s’en faut), il n’en est pas à l’origine. L’Etat français se l’est vu imposée. Autre point que je n’ai pas apprécié, durant ce quinquennat : les lois successives votées après des faits-divers tragiques. Elles m’ont donné l’impression que, plus qu’une vision de la criminalité en profondeur, il s’agissait de faire quelque chose de « populiste », en quelque sorte « donner du grain à moudre à la populace », la satisfaire.

Vous l’aurez compris, je voterai, au 1er tour, François Bayrou.
Non pas que je l’imagine comme celui qui va révolutionner la France, chevalier blanc... Mais il a, de mon point de vue, cette intégrité que je recherche. Je ne me fais pas d’illusion ; on ne dure pas dans le sérail politique sans avoir, à un moment donné, écrasé la concurrence, en étant le perdreau de l’année. Mais, pour le moins, je l’imagine foncièrement honnête. Et c’est, pour moi, une valeur qui a son importance. Son programme est flou ? Peut-être, mais à défaut d’être malhonnête…. Je crois surtout qu’il fera avec les moyens du bord. Mais il a repris pour lui cette volonté d’assainir la vie politique. Et, à défaut de pouvoir redresser la France économiquement d’un coup de baguette magique , j’ose espérer qu’on retrouvera la foi en nos hommes politiques, ce qui fait gravement défaut à ce jour. Et, s’il devait être élu (ce qui est, selon les instituts de sondage, peu probable), je ne doute pas que nombre d’hommes et de femmes, de droite comme de gauche, rejoindront le mouvement centriste, et sauront gommer les divergences pour représenter une majorité unie dans la seule volonté de reconstruire et passer au-delà des crises actuelles.